La femme à modeler

Turckheim, Emilie de

Naïve

  • 2 juillet 2012

    Le fruit d'une rencontre magnifique entre les mots et les images : indispensable! .

    Se déshabiller en public, nous apprend cette jeune écrivain, en révèle long sur sa personnalité, ses failles, ses faiblesses, mais aussi ses forces. Car finalement, ce n'est pas tant le regard de l'artiste qui gêne : on se doute qu'ils en ont vu d'autres. Ôter ses sous-vêtements devant un inconnu qui n'en veut qu'à nos formes et ne se préoccupe ni de notre beauté, ni de notre potentiel érotique, est un acte déroutant.

    En posant nu, on accepte que sur la toile ou le papier, ce corps qui est le nôtre et qu'on protège jalousement soit réinterprété, torturé, remodelé, décortiqué. Émilie de Turckheim relate ses expérience avec un humour tout en finesse, un recul désopilant sur les événements. Et, toujours, cette sensualité, cette gourmandise qui happe le lecteur, l'enveloppe dans une atmosphère sucrée et envoûtante.

    On l'imagine dévorant la vie à pleine dent, se délectant de sensations : Émilie de Turckheim possède l'art de transformer le quotidien en une succession d'anecdotes parfois burlesques, tantôt gênantes, toujours décapantes. Comme une invitation à remodeler et repenser sa vie, La Femme à modeler relate l'introspection inattendue qu'engendre le fait de poser nu.

    Quant aux illustrations de Sylviane Blondeau, elles sont de toute beauté. le trait est d'une grande finesse et l'abstraction subtilement dosée pour ne pas transformer en pornographie gratuite un érotisme sensuel qui magnifie la femme. Après avoir découvert son travail, on se rêve à son tour modèle pour cette peintre de talent.