Littérature et chocolat

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Bibliophage et gourmande, je lis tout ce qui me tombe sous la main.
Ma vie littéraire est souvent marquée par des « périodes » : période Simone de Beauvoir, période Balzac, période Martin Suter, période Amélie Nothomb…
Lorsque je suis emballée par un auteur, je ne le lâche plus.

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3 mai 2013

Décallé et percutant... remarquable!

Oublions la polémique actuelle autour de l’industrie alimentaire et de l’élevage industrielle, des défenseurs du tout-végétal et des aficionados de la côte de boeuf. Jonathan safran Foer nous propose une vision complètement inédite de l’essai en littérature. Drôle, addictif, incroyablement original tant sur la forme que sur le fond, Faut-il manger les animaux? est un oasis dans le desert aride des essais, documentaires et autres récits qui fleurissent, tous sujets confondus, dans notre panorama littéraire ces dernières années.


L’auteur fait preuve d’une incroyable ingéniosité pour étayer ses propos[...]. Le style est percutant : Jonathan Safran Foer est un journaliste remarquable au talent littéraire indéniable. A tel point que Faut-il manger les animaux? se dévore comme un roman passionnant.

On tire également notre chapeau à Jonathan Safran Foer pour avoir su aborder un épineux sujet sans prosélytisme ni provocation. Il relate sa lente conversion à l’alimentation végétale – et ses retours successifs à ses tendances carnivores. Fort de deux années d’enquête, secondé par deux qui ont vérifié chacune des sources et des témoignages cités, l’auteur est allé à la rencontre de personnalités aussi incroyables qu’une végétarienne qui s’est lancé dans l’élevage de volaille, ou d’un végétalien dont le métier consiste à… construire des abattoirs. [...]

23 novembre 2012

quand l’essentiel manque à la compréhension d’un livre.

[...]Le principal intérêt de ce livre était a priori d’offrir le point de vue de ces femmes qui agissent dans l’ombre, et de comprendre leur influence sur des événements historiques majeurs. Or, le lecteur qui ne possède pas de connaissances préalables de la période qui précède la guerre civile espagnole se retrouve face à un roman sans saveur, sans intérêt. Pour ne pas dire des « histoires de bonnes femmes ». Le contexte historique est extraordinairement absent. C’est presque une prouesse de l’auteur que d’avoir pu et su à ce point s’en affranchir.

Quel intérêt recèle la vie des épouses de trois grands hommes dont, reconnaissons-le toute honte bue, le lecteur novice en histoire espagnole n’a jamais entendu parler- tout du moins en qui concerne deux d’entre eux? Car même Franco ne se laisse pas reconnaître si facilement. Alors que vous dire de José Antonia Primo de Rivera ou d’Onésimo Redondo…

A défaut d’un roman historique, Carmen Domingo aurait pu écrire un roman classique. Mais l’auteur n’a pas suivi les codes traditionnels du roman: dépeindre les personnages, leur conférer une consistance, situer géographiquement et temporellement l’intrigue, … On se retrouve avec des personnages inintéressants et fades, une série d’événement obscurs et une trame à laquelle on peine à se raccrocher. On referme ce livre au bout d’une centaine de pages, ce premier roman est un échec.

2 juillet 2012

Entre autobiographie et histoire collective, un récit époustouflant!

Les années font figure de mémoire collective des Français de la seconde guerre mondiale jusqu'au XXIe siècle. Qu'on ait vécu ces décennies qui jalonnent le récit ou qu'on soit trop jeune pour s'en souvenir, étonnamment tout fait mouche. Ainsi des discussions du dimanche midi autour du repas dominical: après-guerre, les anciens parlent de leurs souvenirs. Au cours des années 60-70, les échanges autour des bienfaits du progrès et de la consommation prennent le relais. En ce début de XXIe siècle, la jeunesse désabusée parle société, faits divers, politique (sujet anciennement prohibé à table : autre temps, autres meurs).

[...] Elle analyse avec finesse les incroyables bouleversements qu'ont entraînés les Trente Glorieuses, puis la Crise des années 70, le néo-capitalisme des années 80 et l'ultra-libéralisme des années 2000. Ou comment réaliser qu‘on a beaucoup perdu en croyant aux promesses de lendemains qui chantent.

Les années est aussi un récit intime relaté à la troisième personne. L'objectif n'est pas autobiographique: l'auteur se garde de toute dérive narcissique. Les tranches de vie qui essaiment le livre sont toujours resituées dans un contexte global. Comment avortaient les femmes avant la loi proposée par Simone Weil? Pouvait-on ne pas se marier et vivre en célibataire ou, pire, en fille-mère?

Annie Ernaux n'a pas seulement inventé une autre façon de se raconter et de nous raconter. Son style littéraire est complexe: phrases longues, alternant des listes d'évènements collectifs et des souvenirs personnels, ponctuation inexistante qui accélère le rythme de la lecture… On croirait une symphonie d'un nouveau genre, composée par un virtuose.

Turckheim, Emilie de

Naïve

2 juillet 2012

Le fruit d'une rencontre magnifique entre les mots et les images : indispensable! .

Se déshabiller en public, nous apprend cette jeune écrivain, en révèle long sur sa personnalité, ses failles, ses faiblesses, mais aussi ses forces. Car finalement, ce n'est pas tant le regard de l'artiste qui gêne : on se doute qu'ils en ont vu d'autres. Ôter ses sous-vêtements devant un inconnu qui n'en veut qu'à nos formes et ne se préoccupe ni de notre beauté, ni de notre potentiel érotique, est un acte déroutant.

En posant nu, on accepte que sur la toile ou le papier, ce corps qui est le nôtre et qu'on protège jalousement soit réinterprété, torturé, remodelé, décortiqué. Émilie de Turckheim relate ses expérience avec un humour tout en finesse, un recul désopilant sur les événements. Et, toujours, cette sensualité, cette gourmandise qui happe le lecteur, l'enveloppe dans une atmosphère sucrée et envoûtante.

On l'imagine dévorant la vie à pleine dent, se délectant de sensations : Émilie de Turckheim possède l'art de transformer le quotidien en une succession d'anecdotes parfois burlesques, tantôt gênantes, toujours décapantes. Comme une invitation à remodeler et repenser sa vie, La Femme à modeler relate l'introspection inattendue qu'engendre le fait de poser nu.

Quant aux illustrations de Sylviane Blondeau, elles sont de toute beauté. le trait est d'une grande finesse et l'abstraction subtilement dosée pour ne pas transformer en pornographie gratuite un érotisme sensuel qui magnifie la femme. Après avoir découvert son travail, on se rêve à son tour modèle pour cette peintre de talent.

Le Livre de poche

8,90
25 juin 2012

Une épopée pleine de défauts et néanmoins incroyablement captivante!

Au diable les états d'âme. On peut donc se lancer en littérature malgré une grammaire approximative, avec une intrigue en apparence simpliste et des dialogues à mourir de rire. Jeffrey Archer possédait néanmoins des qualités qui transforment un roman de gare en une fresque épique et haletante.


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Kane & Abel, ce sont Caïn et Abel, les deux frères ennemis de la Bible. Dans ce roman, le lien est symbolique : l'un sort des campagnes miséreuses de Pologne, l'autre de la haute bourgeoisie de Boston. La Grande Histoire va se charger de rapprocher les deux hommes, dont les intérêts vont converger : construction d'un empire économique, extension de leur pouvoir personnel, ascension sociale et financière fulgurante. Fût un temps où le rêve américain était une réalité: les immigrés d'Europe arrivaient par bateau, puants et couverts de vermines, sans un sou en poche, ne connaissant pas un traitre mot d'anglais et parvenaient à se faire une place sous le soleil du Nouveau Monde.
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Certes, les dialogues imaginés par Jeffrey Archer sont parfois dignes d'une série B : “Je t'aime, dit Richard. Depuis la minute où j'ai posé les yeux sur toi. Veux-tu m'épouser? [...]” – “Je veux t'épouser moi aussi, Richard, mais d'abord tu dois connaître la vérité.” (Barbara Cartland, sors de ce roman!) Quant à la grammaire, elle est bien trop souvent erronée, à tel point que le début du roman peut susciter un certain agacement. Mais Jeffrey Archer a le sens du rythme et de l'intrigue; on ne pose pas ce livre avant d'en connaître l'issue.
En l'absence de comparaison possible avec la version anglaise, impossible de savoir si certaines phrases terriblement mal formulées sont le fait de l'auteur lui-même ou de la traduction. Je vous laisse le soin, si le cœur vous en dit, d'aller juger par vous-même, car je me suis épargné la tâche de noter les phrases qui m'ont fait grincer des dents!

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