Simon G.

Conseillé par (Libraire)
1 novembre 2017

Deux jeunes garçons, deux univers que tout oppose : Pietro a grandi dans l'effervescence de la grande ville, à Milan, Bruno dans la solitude et l'immensité de la montagne, au cœur du val d'Aoste, en Italie. Rien ne les prédestinait à se rencontrer, mais c'est à l'âge de 11 ans qu'ils se lient d'une amitié indéfectible, une amitié d'enfant, du genre de celles que les années ne peuvent altérer.
Ce n'est pourtant que vingt ans plus tard qu'ils se retrouvent autour d'un projet fou : remettre ensemble sur pied une vieille bicoque en ruines, en pleine montagne, achetée par le père de Pietro peu avant sa mort. Cette figure paternelle, dont Pietro pensait s'être définitivement éloigné, hantera les pages de ce roman qui questionne la puissance de l'amour filial avec une grande justesse.
La langue de Cognetti est simple et dénuée d'artifices, elle ne s'encombre pas de métaphores superflues : elle saisit par petites touches les nuances infinies qui composent l'immensité des montagnes. Au plus près de la nature, Cognetti parvient à nous toucher avec des mots simples et des sentiments sincères, ceux qui font la complexité et la richesse de l'âme humaine : l'amitié, la nostalgie, l'amour familial.
L'écrivain nous prouve donc que les matériaux les plus simples composent parfois les œuvres les plus riches. Un très beau roman.

Conseillé par (Libraire)
16 octobre 2017

Un excellent roman noir

Un excellent roman noir, qui vous plongera dans l'Amérique de la contre-culture de la fin des années 1960. Alors que les Doors et Janis Joplin passent en boucle sur toutes les radios, Eugène et Bill, deux jeunes frères vivant au cœur des Appalaches, sont pourtant bien éloignés des soubresauts qui agitent la jeunesse de l'époque : sous la houlette d'un grand-père tyrannique, ils mènent alors une existence austère et sage. Mais par un bel été, Ligeia, une jeune hippie libérée et extravertie, débarque dans la région et les initie à des expériences insoupçonnés. Cette rencontre, qui bouleversera leur vie à jamais, s'achèvera par un drame sordide, dont les tenants et aboutissants ne se dévoileront que progressivement et intelligemment au fil du récit.
Ron Rash excelle toujours autant dans l'art du portrait psychologique, il sait peindre ces petites nuances qui donnent corps et âme à des personnages en quête d'idéal, mais tragiquement ramenés à leur faiblesse originelle. Mêlant passé et présent avec finesse, l'écrivain tisse un court récit intelligent et non dénué d'une certaine nostalgie, celle des années 1960, quand soufflait alors ce vent de liberté si singulier. L'atmosphère, particulièrement travaillée, donne une belle épaisseur à ce roman qui se déguste sans modération.

Conseillé par (Libraire)
8 octobre 2017

Michel Delanet est un homme seul, ayant quitté il y a bien longtemps le nord de la France, sa région natale, pour s'établir à Paris. Mais Michel est surtout un endeuillé de la vie. Il vient de perdre sa femme, Cécile, la seule personne qui lui restait au monde. Ses parents sont partis alors qu'il n'était encore qu'un jeune homme, sa mère morte de fatigue et de tristesse, son père d'un suicide traumatisant pour le jeune garçon. Car l'histoire de sa famille est marquée par un drame originel : son frère Joseph, "Jojo", l'enfant chéri, mineur de profession, et que Michel admirait tant lorsqu'il était gamin, est mort le 27 décembre 1974, dans la catastrophe minière de Liévin, qui a emporté la vie de 42 hommes.
Toute sa vie, Michel n'a fait que ruminer son deuil, construisant un mausolée à la mémoire de son frère, vouant une haine féroce à la mine, cette bête féroce qui a englouti tant d'âmes, mutilé tant de vies.
Alors un jour, après la mort de sa femme, il décide d'y retourner, sur sa terre natale. Pour régler ses comptes. Pour trouver les responsables et les faire payer. Mais Michel est lui-même un homme mystérieux, complexe, et tout n'est pas aussi simple qu'il semble le clamer...
Un texte classique au premier abord, mais qui se dévoile progressivement et fait finalement montre d'une grande originalité pour traiter un sujet peu évident. Sans aucun pathos, avec pudeur et justesse, Chalandon raconte l'Histoire d'une région et de son peuple de mineurs, ces sans-grades qui ont voué leur vie au travail, n'obtenant en retour aucune reconnaissance de la société, mais qui ont su rester dignes, humbles et forts. Mais c'est aussi avec subtilité que l'écrivain esquisse une très belle réflexion sur le deuil, le poids des remords et de la culpabilité.
C'est ainsi que l'Histoire collective et l'histoire individuelle se mêlent intelligemment et que Chalandon nous livre un grand texte, tout simplement.

Conseillé par (Libraire)
29 septembre 2017

Un magnifique périple

Franklin est un jeune Canadien taiseux, aux origines amérindiennes, élevé au grand air de la ferme par un vieil homme qui est également son père de substitution : le travail de la terre n'a déjà plus de secret pour ce jeune garçon, qui se meut dans son environnement avec une aisance presque féline.
Son père, qu'il refuse de voir depuis de nombreuses années, l'appelle un jour à son chevet. Ravagé par l'alcool, mourant, celui-ci demande à son fils de lui accorder une ultime faveur : l'accompagner sur le sommet d'une montagne, selon un rituel indien, afin d'être enterré dignement et selon la tradition. Franklin, tiraillé par des sentiments contradictoires, surmonte finalement la rancune qu'il éprouve pour lui et accède à sa requête.
S'ensuit un magnifique et bouleversant voyage au cœur des contrées sauvages et grandioses de la Colombie britannique. C'est dans cet auguste théâtre, dans ces forêts et ces montagnes s'étendant à perte de vue, que les deux hommes vont apprendre à se découvrir et finalement retrouver le lien filial qui les unit. Quête des origines, quête d'identité, ce roman au style particulièrement immersif ravira les fans de Jim Harrison mais aussi tous les amateurs de nature-writing.