Un jour de 1936, un homme est exécuté sur une plage d’Ibiza… Cet homme avait lui-même assassiné le 31 juillet 1914, au café du Croissant, un certain Jean Jaurès …
Florentin Bordes, militant anarchiste a fait ses armes durant la guerre d’Espagne. Il était présent lors de la mort de Durruti, à Madrid après avoir combattu aux Baléares …
Du falot Raoul Villain à l’héroïque Bordes, l’auteur, pour son troisième roman, nous propose un kaléidoscope. Différentes voix nous racontent les mêmes évènements mais le prisme de différentes focales. Elles donnent du rythme au récit et du relief aux faits relatés.
Un roman choral à découvrir et à méditer car l’histoire ne se fait pas toujours par des grandes batailles : parfois un grain de sable peut ricochet et bouleverser des milliers de vies. Si Villain n’avait pas tiré sur Jaurès, serions-nous entrés en guerre le lendemain … ?

Après la mort « accidentelle » de sa femme Rosario, Juan et son jeune fils vivent reclus et voyagent incognito. Juan veut protéger Gaspard de sa famille maternelle car elle dirige une secte perpétuant des sacrifices à l’Obscurité en échange de la vie éternelle …
Cette auteure argentine, dans ce roman fleuve mêle habilement le terrifiant et le romanesque. Elle nous propose une vision allégorique de son pays sous la dictature ainsi qu’un hommage à ces disparus dus à l’obscurantisme des dirigeants de l’époque...
C’est aussi une magnifique relation filiale illustrée par les combats d’un père pour protéger son enfant.
Un livre exigeant à la construction complexe et au thème parfois perturbant mais qui est, du point vu littéraire, une véritable pépite !!!

Aglaé a peu connu son père botaniste vouant sa vie à l’élaboration d’une encyclopédie. A la mort de celui-ci elle découvre caché dans un meuble son testament. …
Or dans le récit qu’il lui transmet dans lequel il évoque son épopée au Sénégal qui au départ avait pour but de répertorier la faune et la flore de ce pays, il lui dévoile aussi les sentiments profonds qu’il a éprouvé pour Maram. Cette dernière vouée à être déportée comme une marchandise vers les Amériques aurait réussi l’exploit de s’évader de l’ile de Gorée la fameuse « porte du voyage » …
Après le douloureux et magnifique « Frère d’âme », David Diop s’inspire du naturaliste Michel Adanson (1727-1806) et nous immerge dans l’expédition de ce dernier. Adanson souhaite non seulement nourrir son projet encyclopédique mais à rebours des autres « Blancs », s’initie à la langue et aux us et coutumes du pays et tenter de sauver sa dulcinée de son funeste destin….
Un roman, qui grâce au talent de conteur de l’auteur, nous plonge dans un ailleurs temporel et spatial qui m’a passionnée !!!

Milan enseigne le cinéma, Hitchcock est au programme. Hasard ou coïncidence, Milan voit de plus en plus des oiseaux noirs et la silhouette du cinéaste semble le poursuivre …
Troublant aussi est le fait que sa femme Suzanne, décédée récemment, ressemble étrangement à l’institutrice des « oiseaux ». Intrigué et persuadé que la fiction s’invite dans le « réel », il décide de s’immiscer dans le virtuel pour faire revivre son épouse sans se douter des conséquences …
Après « Marathon » et « l’autre côté du lac » l’auteur mêle très habilement la vie du personnage romanesque avec le film hitchcockien comme dans un travelling.
En imbriquant telles des poupées russes, des intrigues similaires s’interrogeant sur la psyché et la condition humaine, l’écrivain nous invite à voyager aux confins de la réalité et de l’imaginaire.
Un roman haletant et angoissant qui, comme un film du Maitre peut vous pousser à une nuit blanche.

Début du XXe siècle Anton Torvath nait dans la steppe, Svetan lui prédit un avenir de dresseurs de chevaux mais aussi qu’il devra vivre privé des siens …
Le jeune Anton « fils du vent » grandit dans un cirque au milieu des trapézistes et des clowns mais bientôt le bruit des bottes interdit aux tsiganes de travailler. Anton va alors se lancer sur la route de l’exil pour accomplir son destin, sur son chemin il va croiser celle de Jag le violoniste, Simon le médecin philosophe ou Yadia ex officier de l’armée rouge …
Premier roman de cet auteur à l’écriture enlevée et poétique qui à travers le destin de cet homme nous immerge dans la cuture tsigane avec ses fables, ses coutumes, sa musique trop souvent méconnue et donc bafouée.
Roman qui jongle habilement entre récit intime et grande épopée historique et qui nous éclaire sur le mode de vie de cette population souvent décriée et rejetée mais pour laquelle prime le voyage, le partage et l’amour !!!