Sociologie des arts / domaines et approches, domaines et approches
EAN13
9782200354275
ISBN
978-2-200-35427-5
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.PSYSOC COLIN
Nombre de pages
124
Dimensions
0,2 x 0,1 cm
Poids
134 g
Langue
français
Code dewey
700.103
Fiches UNIMARC
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Sociologie des arts / domaines et approches

domaines et approches

De

Dirigé par

Armand Colin

Dd.Psysoc Colin

Indisponible
1?>Les politiques
et les institutions culturelles?>Émile Durkheim insiste sur l'importance sociologique des institutions pour comprendre la vie sociale en général. Il en est de même pour l'art. La vie artistique ne peut être analysée sans tenir compte de l'importance et de l'influence, jusques et y compris dans la pratique des artistes, des politiques culturelles qui s'inscrivent concrètement dans des institutions. Elles peuvent être publiques ou privées, voire associer les deux formes de financement (association subventionnée, par exemple) avec dans certains pays une prévalence de l'un ou l'autre système.1. Quelles institutions ou politiques pour la culture ??>Les mondes de l'art ont connu depuis un demi-siècle des évolutions très importantes. Premièrement, la création d'un ministère de la Culture, en France, en 1959, a ainsi été une innovation institutionnelle accueillie avec scepticisme dans notre pays, mais aussi dans la plupart des pays étrangers. Or, cinquante ans après cette initiative, ce ministère a perduré et occupe dans le dispositif étatique français une position, certes parfois critiquée, mais somme toute solide ; et dans de nombreux pays son équivalent a été créé, soit comme ministère de plein exercice comme en France, soit en le rattachant à un grand ministère qui lui allie souvent l'éducation ou la recherche. Le modèle a donc été copié, notamment dans le cadre de l'Union européenne.Deuxièmement, l'organisation des grands établissements publics ou privés s'est développée dans le monde entier : opéras, théâtres,musées, foires internationales, festivals se sont multipliés et ont acquis ces dernières années, pour certains d'entre eux, une dimension internationale avec la création par exemple de « succursales » des grands musées à l'étranger : le Guggenheim à Bilbao, mais aussi à Venise, Berlin et bientôt Abu Dhabi, le Louvre à Dubaï ou encore le Centre Pompidou à Shanghai. De même, de grandes foires internationales ont été créées à Bâle, à Chicago ou Paris et se sont multipliées, par exemple avec l'organisation d'une foire à Miami avec le soutien de celle de Bâle, ou encore la création de foires dans des pays dits émergents : Dakar pour l'Afrique, Shanghai pour la Chine, par exemple. Les rapports entre ces grandes institutions et le marché de l'art, que nous aborderons dans le chapitre suivant, montrent les relations étroites entre les institutions culturelles et les enjeux économiques.Considérons l'exemple du débat autour de l'exception culturelle dans le cadre des négociations sur l'organisation des marchés au niveau mondial qui a abouti à la création de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). La France, bientôt suivie sur ce point par l'Union européenne, a défendu la thèse selon laquelle les biens culturels (non seulement les arts, mais aussi les industries culturelles, voire l'éducation) devraient être exclus des accords internationaux régissant le commerce. Les États-Unis, notamment, y étaient tout à fait opposés. L'argument de la France et de l'UE était que la diversité culturelle devait être considérée comme un bien commun de l'ensemble de l'humanité. En conséquence, il était légitime pour chaque pays ou aire culturelle de soutenir ses productions culturelles spécifiques et par conséquent de ne pas laisser libre cours au jeu du marché et de la concurrence, cher aux économistes libéraux. Le danger était clairement défini : la concurrence ne pouvait que profiter aux plus puissants, c'est-à-dire à ceux dont le marché intérieur permettait à lui seul une rentabilité suffisante pour s'imposer dans les pays étrangers, moins puissants ou au marché plus restreint. Le cas du cinéma ou de la musique enregistrée aux État-Unis est de ce point de vue particulièrement exemplaire1.Cette exception culturelle, qui fut finalement acceptée, a permis le maintien de productions artistiques différentes selon les aires culturelles, même si le phénomène de la mondialisation a touché ce secteur comme les autres. Ainsi, les grandes sociétés d'enchères comme Sotheby's ou Christie's organisent des ventes dans la plupart des grands pays où un marché de l'art, c'est-à-dire des acheteurs ou collectionneurs disposant de disponibilités financières suffisantes, existe (Japon, Moyen-Orient, etc.).Il en va de même pour les arts du spectacle et de la musique. Après les grands festivals créés en Europe – Aix-en-Provence pour l'opéra, Cannes ou Venise pour le cinéma, Avignon pour le théâtre ou encore Bayreuth (Wagner) ou Innsbrück (Mozart) –, on a vu émerger de grands festivals à New York, Montréal, en Amérique Latine ou en Afrique. L'industrie du festival a ainsi connu non seulement un développement mondial, mais aussi une prolifération dans chaque pays, notamment en France où l'on compte pas moins de 2 000 festivals chaque année, pour le théâtre, la musique, savante ou populaire, le cinéma, etc.Chaque pays a donc développé des politiques culturelles, ou a favorisé le développement de pratiques privées favorables aux arts. Sans développer cette question2, ce qui importe, c'est de comprendre que l'activité artistique repose matériellement sur un ensemble d'institutions (au sens général sociologique du terme, qui désigne toute forme relativement durable d'organisation sociale).2. Le cas particulier de la France?>La France présente une situation très particulière, voire exceptionnelle dans ce domaine. Cette situation s'explique largement par son histoire politique et institutionnelle qui se caractérise par une implication précoce de l'État dans la vie intellectuelle et artistique.2.1 Un peu d'histoireLes sociologues disputent de la question de la date du commencement d'une politique culturelle. Pour P. Urfalino, elle doit être située avec la création, en 1959, du ministère de la Culture dirigé par A. Malraux, moment où, selon lui, non seulement se mettent en place une cohérence et une convergence d'un ensemble de dispositifs et de décisions politiques, mais aussi la création d'une administration à la fois autonome et spécialisée chargée de les mettre en œuvre.« Dans ce livre, la notion de politique culturelle a pour référent un moment de convergence et de cohérence entre, d'une part, les représentations du rôle que l'État peut faire jouer à l'art et à la “culture” à l'égard de la société et, d'autre part, l'organisation d'une action publique. L'existence d'une telle politique culturelle exige une force et une cohérence de ces représentations, comme un minimum d'unité d'action de la puissance publique3. »Urfalino insiste sur ce qui compose et définit une politique culturelle telle qu'il l'entend :« Ainsi définie, la politique culturelle est un objet composite qui relève autant de l'histoire des idées et des représentations sociales que d'une histoire de l'État (ou des autres instances publiques). Elle exige, en fait, leur réunion. Elle ne se réduit ni à une juxtaposition de politiques sectorielles ni à un réaménagement républicain du mécénat royal, parce que c'est une totalité construite par des idées, par des pratiques politiques et administratives situées dans un contexte intellectuel et politique » (p. 14).Le moteur historique de l'émergence d'une politique culturelle, ce sont donc des « idées » qui remplacent d'ailleurs parfois des pratiques concrètes.V. Dubois propose de situer à la fin du xixe siècle cette émergence, soulignant que la IIIe République en ses débuts a procédé à la mise en place d'une administration autonome, qui sera en l'occurrence à la basede la fondation sous la Ve République du ministère de la Culture. D'ailleurs, si la tentative de création d'un ministère des Lettres, Sciences et Beaux-arts en 1870 ne dure que huit mois, avant d'être placée au sein du ministère de l'Instruction publique, où cette Direction y sera maintenue jusqu'en 1959, l'idée d'une organisation spécifique de cette activité sociale au sein de l'État est déjà présente dès cette époque. Dubois définit la politique culturelle d'abord comme une catégorie administrative de gestion d'un secteur particulier de l'activité étatique :« La politique culturelle ne saurait, dès lors, êtres considérée comme une catégorie transhistorique. Certes, l'intervention des gouvernant...
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