Après le déluge
EAN13
9782021257878
Éditeur
Seuil (réédition numérique FeniXX)
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Après le déluge

Seuil (réédition numérique FeniXX)

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782021257854
    • Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
    6.49

  • Aide EAN13 : 9782021257878
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    6.49
Nous cheminions lentement dans le noir à travers les rocs et les pierres.
Parfois nous redescendions vers la mer, on voyait la blancheur qu'elle jetait
sur les bords. J'ai pensé que quand Gaspard nous aurait conduits, il
retournerait à son abri et il pourrait dire aux chasseurs : Orner, fils de
Noémie, n'est pas revenu au bas de la Rouge. Et Agathe et moi nous attendrions
ensemble la nuit où j'irais prendre le secret de la naissance du feu. Alors
j'ai pensé à ce qui viendrait après et j'ai dit tout haut : Agathe mais le
vent a emporté ma voix comme une plume. Aussitôt j'ai lancé fortement ma
parole vers elle comme une pierre : Agathe !, et elle s'est arrêtée. Je n'ai
plus bougé, elle s'est retournée. Je pouvais à peine voir son visage. Je me
suis approché d'elle comme sur le chemin de la maison de Virginie le premier
jour et j'ai mis ma bouche sur ses cheveux. Je sentais son corps contre le
mien, du ventre aux genoux que je pliais un peu, mais mon bras accroché à mon
cou nous séparait dans le haut. La chaleur de mon souffle se répandait dans
ses cheveux et revenait en m'apportant son odeur à elle. J'ai dit tout bas :
Nous irons au Paradis. Je n'y pensais pas, je n'avais pas envie d'aller au
Paradis où viennent les chasseurs. L'odeur que je respirais était comme une
fumée qui venait de très loin. Les genoux d'Agathe se sont appuyés fort contre
les miens, elle a relevé son visage sous ma bouche qui a suivi son front et
son nez jusqu'à sa bouche et j'ai vu dans ses yeux tout proches une lueur
comme celle de l'eau quand on nage. J'ai dit : Plus loin que le Paradis. J'ai
pensé au courant du Bioula qui porte vers le nord, vers les îles où les
chasseurs et les pêcheurs de la Sassière ne vont jamais, vers le Blanc d'où
personne ne peut revenir. Agathe n'a rien dit, j'ai senti sa poitrine contre
le dos de ma main, j'ai bougé les doigts, elle s'est penchée un peu, et à
travers la chair j'ai reçu le frappement fort de son cœur.
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