• Conseillé par
    25 avril 2016

    coup de coeur

    Je m'attendais à ce que les réflexions concernant Racine représentent une infime partie du roman et qu'il parle davantage de l'histoire d'amour contemporaine entre Bérénice et Titus. Je suis ravie d'avoir eu tort. Si j'ai aimé les errements de Bérénice et même les passages où elle rencontre la famille de Titus (je dis même car je ne suis pas sûre que cette partie soit crédible, mais je m'en fiche totalement), j'ai adoré découvrir le parcours de Jean Racine. Je me rends compte qu'à part ses écrits, je ne connaissais pas grand chose de lui. Dès le collège, j'ai été Racine plutôt que Corneille (même si j'adore "Le Cid") et j'adorais déclamer les alexandrins d'Andromaque à voix haute. Découvrir que je ne fus pas la seule (et encore plus en parlant de ce roman autour de moi) m'a rassurée sur ma normalité. Et la vie de Racine permet effectivement d'en faire un roman. J'ai été particulièrement sensible à l'éducation de Racine et à son amour grandissant pour la langue et pour les alexandrins. J'ai aussi beaucoup aimé l'écriture de Nathalie Azoulai, son utilisation des comparaisons par exemple: (parlant du Maître de Racine et du fait que celui-ci l'appelle "mon fils") : "Il a dix-sept ans et s'endort dessus comme on suce son pouce" ou encore "Les personnes se suivent comme les degrés d'une échelle. Les différentes périodes et circonstances façonnent l'enchaînement sans qu'on n'ait même besoin de le décider." Mais aussi la simplicité de certaines phrases, si justes: "Le chagrin ne commence pas par le chagrin. [...]Il faut du temps pour mesurer l'espace qui vous sépare de quelqu'un. On est si proche et le lendemain si loin, l'esprit ne suit pas, il doit accommoder."

    Je pourrais citer de nombreuses phrases de ce roman et ce serait sans doute le meilleur moyen de lui rendre hommage. Mais je préférerais que vous ayez le plaisir de les découvrir au détour des pages du roman. Je vais tout de même finir par l'une de mes préférées:
    une personne quittée est une carcasse qu'on désosse et qui couine de toutes parts, dont on déchire les plus tendres cartilages, sans ordre ni méthode.


  • Conseillé par
    17 décembre 2015

    Racine

    De Racine, je ne connais que les rares pièces que j’ai lu à la fac. Je me rappelle d’une langue exigeante et de tragédies antiques.

    Outre le fait que l’auteure nous parle d’une rupture amoureuse qui ne m’a pas passionnée (mais heureusement, elle ne dure que 3 chapitres), ce qui m’a surtout intéressée, c’est la vie de Jean depuis son enfance jusqu’à sa mort.

    De Port-Royal, je ne connaissais pas grand chose. J’ai ainsi découvert la philosophie janséniste qui prend vie dans des murs humides au milieu de moniales recluses.

    Jean, durant son enfance et une bonne partie de son adolescence, accumule du matériel linguistique pour ses futurs écrits, voulant créer une langue pure pour le Roi Soleil. Sans oublier l’insatiable défricheur des sentiments humains, capable de les restituer dans un genre ultra codé.

    Roi dont il se sent proche, n’ayant qu’un an de différence.

    Sans oublier le conflit avec Corneille, qui ne respect pas la règle des trois unités.

    Ce qui m’a étonné, en revanche, c’est la réapparition du personnage de Didon, figure féminine qui obsède l’auteur. Alors pourquoi parler de Bérénice dans le titre ?

    L’auteure nous donne à voir un personnage pétrie de contradictions : à la fois attiré par les fastes de Versailles, mais retournant inlassablement à Port-Royal.

    Le tout servi par une écriture exigeante, comme pour rendre hommage à celui qui a si bien su ciselé la notre il y a 4 siècles.

    L’image que je retiendrai :

    Celle des nombreuses filles de Jean, dont l’aînée veut entrer au couvent à Port-Royal, mais son père le lui refuse à cause de son allégeance au Roi.

    http://alexmotamots.wordpress.com/2015/12/13/titus-naimait-pas-berenice-nathalie-azoulai/


  • Conseillé par
    2 novembre 2015

    élégant et essentiel questionnement

    Une belle lecture pour ce texte original qui vient interroger Racine et son époque mais également son rapport à l'amour au sens large. Entre fantasmes et réalité comment appréhender la relation amoureuse et ne pas s'y perdre ? Comment Racine et ses contemporains ont-il répondu à cette question essentielle qui n'a probablement pas de réponse, même en alexandrins.

    Le style est sobre et élégant, on se laisse facilement porter par la musicalité de belles phrases et par ce sujet audacieux.

    Mériterait sans aucun doute d'être honoré par un prix littéraire !


  • Conseillé par (Libraire)
    29 septembre 2015

    Tout commence alors que Bérénice se fait plaquer par Titus. Il l'aime mais bon, il a sa femme alors...
    Désemparée et malheureuse, Bérénice se tourne vers un refuge sûr: Jean Racine. Impossible de ne pas trouver les réponses à ses questions à travers les pièces du dramaturge, lui au moins ne se sert pas de banalités pour guérir un chagrin d'amour.

    En plongeant dans la vie du grand homme, Nathalie Azoulay nous entraîne dans les méandres des passions amoureuses. De l'éducation classique de Racine, tournée vers le latin, le grec et les auteurs antiques, il en retire une fascination pour l'Amour et les passions humaines, bien loin de ce qu'on attend de lui. Toujours balançant entre l'amour de Dieu et celui des hommes, c'est par son histoire que Bérénice trouvera finalement la force de s'avouer que si Titus s'en va, c'est qu'il ne l'aime pas.

    Un très beau roman, porté par une très belle langue, Titus n'aimait pas Bérénice est une vraie réussite.


  • Conseillé par
    20 septembre 2015

    Quand Racine guérit un chagrin d'amour

    En cette rentrée où nombre d’auteurs nous projettent dans un futur sombre, Nathalie Azoulai fait le voyage inverse dans l’un de ses romans les plus beaux et les plus délicats. Son héroïne, ravagée par un chagrin d’amour, se tourne vers le Grand Siècle pour y puiser une consolation. Très prosaïquement et très lâchement, Titus annonce à Bérénice qu’il la quitte, malgré son amour pour elle, car il ne peut sacrifier sa famille à une aventure extra-conjugale . Une femme rejetée par son amant : la même histoire se répète depuis que la littérature existe. Mais les banalités qu’on sert à Bérénice, du genre : « tu n’es pas la première, tu t’en remettras », ne la réconfortent pas. Comment Titus peut-il dire qu’il l’aime et l’abandonner ?

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