Un repas en hiver

Hubert Mingarelli

Stock

  • Conseillé par
    29 mars 2013

    Dès le matin, trois soldats se proposent pour une mission afin de pas rester la journée avec les autres. Ils s'en vont le ventre vide dans une campagne enneigée après avoir reçu l'aval de leur supérieur. Trois soldats devenus copains au cours de cette seconde guerre mondiale. Il fait froid, un froid qui franchit les minces barrières de protection de vêtement et qui pénètre jusqu'à la chair tandis qu'ils marchent.

    Et là, en ne savant strictement rien de ce livre, je m'étais imaginée des soldats français car au départ rien ne nous indique que nous sommes en Pologne et que les soldats sont allemands. Il faut quelques pages pour le savoir comme pour comprendre la raison qui les a poussée à partir à une chasse particulière. Celles aux Juifs. Plutôt que de rester et d'assister à une exécution, ils préfèrent en débusquer un. Trois civils devenus soldats durant la guerre et pour ne pas penser au froid et à la faim, il plaisantent, ils se remémorent leurs souvenirs. Dans la forêt, ils découvrent la cachette d'un Juif et l'arrêtent. Sommairement sans démonstration de violence. Mission accomplie, ils pourraient rentrer mais assaillis par la faim et le froid, ils s'arrêtent dans une maison abandonnée et décident de manger d'abord. Ils doivent se débrouiller avec les moyens du bord c'est-à-dire presque rien. En allant chercher du bois, un des soldats voit un polonais qui s'invite dans la maison. L'idée d'une soupe les taraude, le polonais reste, s'incruste et montre qu'il a sa place. Le manque de bois les pousse à détruire la porte du cagibi où le Juif se tient tranquille. Dans sa langue, le Polonais déverse sa haine envers cet homme. Le repas est prêt mais une question s'invite : faut-il inviter le Juif à partager leurs repas ou non? Le faire manger , donner un peu de leurs maigres parts alors qu'ensuite il sera exécuté ? Car partager un repas est synonyme d'une forme de fraternité.
    Ces trois hommes comme ils en existent tant pris dans une guerre doutent, hésitent. Pas de méchants ou de gentils, juste des hommes.

    Hubert Mingarelli instaure une ambiance en peu de mots, nous transportent en Pologne. La maison devient le centre d'un huis clos où la tension, des questions simples deviennent aussi complexes que la nature humaine. Saisissant.


  • Conseillé par
    30 décembre 2012

    guerre mondiale

    Qu'il fait froid dans ce roman, un vrai livre de saison.

    Le froid transperce les soldats, hésitants à fumer leur cigarette. Bizarrement, c'est le Juif qu'ils capturent qui est le mieux habiller pour affronter le temps polaire.

    Même dans la maison abandonnée qu'ils trouvent, il fait froid. Qu'elle m'a parue étrange, leur hésitation à faire brûler le banc pour se réchauffer. Comme si s'asseoir par terre était au-dessus de leur force, et les auraient amener à s'asseoir au sol, comme leur prisonnier.

    Des hommes ordinaires que ces soldats, dans une situation pas ordinaire. Ils ne rêvent que de vie civil, s'inquiètent pour leurs enfants.

    Un roman dont l'ambiance m'a fait penser aux écrits de Philippe Claudel : le lecteur est projeté d'emblée dans une région sans nom, au coeur du maëlstrom. Des personnages qui subissent ce qui leur arrive.

    Un "beau" repas, qui m'a fait penser au film "Joyeux Noël".

    L'image que je retiendrai :

    Celle du flocon sur le bonnet du prisonnier.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2012/12/17/25716082.html


  • Conseillé par
    19 octobre 2012

    Une pépite à lire et à méditer

    La deuxième guerre mondiale, la Pologne, trois soldats allemands à la chasse, un jeune juif débusqué, un polonais accompagné de son chien, une masure abandonnée, un froid sibérien ...
    Ce sont les ingrédients d'un huis clos terrifiant au cours duquel vont se révéler les sentiments de ces acteurs qui ont froid et faim :
    - l'humanité des allemands qui ne supportent plus "d'abattre " des juifs, qui invitent le jeune juif à leur table et qui s'interrogent sur sa libération afin de soulager leur conscience,
    - la haine et la folie du polonais envers le juif,
    - l'espoir d'un avenir serein dans la vie civile auprès du fils d'Emmerich,
    - la raison qui conduira les allemands à ramener le juif au camp et donc à la mort.

    Ce livre est une véritable pépite écrit dans un style sobre et puissant.


  • Conseillé par (Libraire)
    25 septembre 2012

    Genre humain ...

    3 soldats cherchent à "échapper" aux fusillades de juifs au camp et demandent à partir à la recherche de juifs égarés afin de ne pas être présent pour une fois.
    Dans la forêt, ils tombent sur un jeune juif dissimulé dans un trou qu'ils capturent. Ils l'emmènent et, dans une cabane glaciale, les 3 militaires prennent un repas extrêmement frugal avec un chasseur polonais qui va les pousser dans leur retranchement vis-à-vis de ce prisonnier.
    Que doivent-ils faire de lui ? Un de plus ou un de moins à exécuter ?
    Lu d'une seule et unique traite, vous tiendrez bon les 40 premières pages : le temps de la mise-en-place et après ...