Octobre noir

Didier Daeninckx

Ad Libris

  • Conseillé par
    8 juillet 2018

    1961, Vincent est le chanteur d'un groupe de rock prometteur qui doit auditionner pour un tremplin et un éventuel passage à l'Olympia. Dans le civil, Vincent est Mohand, un Algérien qui, comme tous les Algériens depuis quelques jours, doit respecter le couvre-feu imposé par le préfet Maurice Papon. Le mardi 17, c'est le grand jour pour son groupe. Mais c'est aussi la date choisie par le FLN pour manifester en silence et en paix contre les actes anti-algériens et pour la libération de l'Algérie. Manifestation qui sera violemment réprimée par Papon, des manifestants seront molestés, tabassés, jetés dans la Seine. Là où la préfecture ne comptera que quelques morts, les organisateurs en dénombreront deux cents et plus de deux mille blessés.

    Bande dessinée préfacée par Benjamin Stora, historien qui explique en détails dans son texte les événements de cette nuit d'octobre. La lire permet de se placer dans le contexte, de mieux comprendre les raisons de la manifestation et réaliser l'ampleur de la violence à l'égard des Algériens manifestants.

    Puis la bande dessinée, dans ce contexte, raconte une histoire : celle de la famille de Mohand. Comme à son habitude, Didier Daeninckx place ses personnages dans des situations historiques et/ou sociétales fortes, des événements parfois oubliés ou dont on ne parle pas beaucoup, pour mieux les remettre en tête. Il faut dire que la guerre d'Algérie n'est pas un événement qui sert de base à beaucoup d'histoires en France. Ce n'est qu'en 1999 qu'elle est enfin reconnue comme une guerre par le Parlement et pas seulement des événements comme l'on disait prudemment jusqu'à cette date.

    L'association avec Mako fonctionne très bien et cet album est instructif et intelligent. La BD sert à divertir mais elle est aussi un excellent moyen de faire passer de la culture, de l'histoire à tous les publics et lorsque Daeninckx, Mako et Stora s'y collent, nul doute que le message est fort et pertinent.