Du pur amour et du saut à l'élastique, roman

Frédéric Pagès

Buchet-Chastel

  • Conseillé par
    14 mars 2011

    Attention, ce roman est drôle et gentiment intelligent. Gentiment intelligent, parce qu'il est truffé de citations philosophiques, de réflexions qui le sont tout autant et de situations qui donnent matière à penser, sans pour autant être un manuel de philosophie. Drôle parce que Frédéric Pagès se moque des puissants, des intellectuels qui se prennent au sérieux, "ces imposteurs, brasseurs de vent et marchands de prétendus "concepts", qui sont à la philosophie ce que Julio Iglesias est à la chanson" (p.130), de "cette haute société bien nourrie" qui vient dans les vernissages pour "s'empiffrer et entasser dans ses assiettes le plus de victuailles possible" (p.16).

    Drôle aussi parce qu'il crée des personnages et des situations auxquels on ne s'attend pas.

    Venons-en maintenant au titre quelque peu énigmatique qui pourrait se retranscrire de la manière suivante : comment en ne cherchant même pas le pur amour, mais en craignant de le perdre, on peut se retrouver à faire un saut à l'élastique du haut d'un pont. Tout un programme !

    C'est aussi, même pas déguisée, une critique de ceux qui veulent laisser la philosophie comme un pré carré aux seuls philosophes, à la seule élite capable de l'entendre. L'auteur prouve -c'est sûr puisqu'il l'a écrit !- que tout le monde philosophe, du moindre quidam à l'agrégé de philosophie, même si Max "n'est pas loin de penser que, si on n'a pas son agrégation à cinquante ans, on a raté sa vie." (p.26)

    Plein de références à l'actualité, aux anecdotes plutôt qu'aux grands faits, le livre nous fait sourire -voire rire- tout du long. Max aura énormément de mal à poursuivre sa réflexion personnelle, tant les rencontres -de femmes surtout- le perturbent. Ah Bintou, la sublime Bintou ! "... sublime ? Quelle erreur conceptuelle ! Cette fille est sexy, je veux bien le croire mais sublime, non ! La contemplation d'une bombe sexuelle ne peut pas ouvrir sur l'Infini, mais seulement sur la fornication. Or le sublime est contradictoire avec toute idée de consommation." (p.168)

    J'ai aimé ce roman écrit par Frédéric Pagès, journaliste au Canard Enchaîné, connu aussi comme le créateur du désormais célèbre et vivant philosophe, cité par les plus grands (?), Jean-Baptiste Botul. D'ailleurs, l'un des brefs personnages du roman se nomme Tonio Botul et l'une des citations mises en exergue à chaque chapitre est de J-B Botul. Botul dont l'oeuvre contient des titres tels que La Métaphysique du mou, Landru, précurseur du féminisme, entre autres.