Lepréau-Lacourdesgrands ..

20,00
Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2023

JULIE

À chacun sa madeleine... Pour Laure Murat, c'est à l'occasion du visionnage d'un épisode de « Downton Abbey », il y a quelques années, que ses yeux se décillent : elle comprend que l'aristocratie - milieu dont elle est issue - est "un univers de formes vides", en constante représentation de soi-même. D'où son intérêt et sa grande proximité avec l'œuvre de Marcel Proust qui, au fil de la publication des sept volumes qui composent « À la recherche du temps perdu », livre une réflexion sur la vacuité de l'existence.
Laure Murat voulait échapper au pur récit autobiographique et montrer combien la littérature peut avoir un pouvoir émancipateur. Dans son cas, la lecture de « La Recherche » fut à la fois troublante (ses aïeux y figurent, parmi d'autres membres de la famille, réels...ou fictifs !) et consolatrice (sa famille la bannit en raison de son homosexualité, alors que chez Proust l'homosexuel "gagne le statut de sujet").
Enfin, et il faut le souligner, Proust, roman familial s'adresse à tous les lecteurs, même et surtout à ceux qui ne connaissent pas encore « La Recherche ».

Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2023

JULIE

Ce roman débute par une scène d'amour sensuelle entre une jeune fermière et un soldat français près du lac de Constance à la fin de la guerre.
Ce passage est une interprétation du narrateur Simon, qui réinvente pour reconstituer l’histoire dont il a été privé. Car aux funérailles de son grand-père, il est tombé des nues: le patriarche n'aurait pas eu quatre enfants, mais cinq. Un enfant caché donc, né d'une histoire d'amour avec une Allemande, lorsqu'il était soldat. Toute la famille a préféré ignorer l’existence de cet enfant, mais Simon très impacté se sent irrépressiblement lié à cet oncle. Il vient de se séparer de la mère de ses fils après vingt années ensemble et il va chercher à s’en rapprocher. Il vient de se séparer de,la mère de ses enfants après vingt années ensembles et cette quête vient se mélanger à sa fracture personnelle et à sa propre reconstruction.
Alors que l’entrée de Sylvain Prudhomme aux éditions de Minuit l’inscrit dans la prestigieuse lignée du nouveau roman, il reprend ici un portrait entamé dans « Là, avait dit Bahi », paru en 2011 aux éditions Gallimard, et on retrouve le phrasé à la fois léger et très travaillé qui confère une dimension intimiste à la réécriture du roman familial.
Si vous aviez lu et aimé « Les orages » et « Par les routes », cette chronique était presque inutile tant la lecture de ces deux précédents romans presse la suivante.

Éditions Gallmeister

25,40
Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2023

JULIE

Samu a un objectif, celui de devenir musher. Pour cela, il quitte la cité minière où il vit avec sa famille et part travailler dans une ferme à chiens de traineaux en Laponie. Malgré la difficulté, il s'accroche à son rêve. Jusqu'au jour où deux huskys, issus d'une longue lignée, s'enfuient, Samu alors décide de saisir l'opportunité de les retrouver.
Ce roman colle parfaitement à l'image du « nature writing » et de la littérature des grands espaces qui ont participé à la renommée de Gallmeister. Écrit sur trois temporalités, ce qui peut être troublant au démarrage de la lecture, on découvre Samu bloqué dans une cabane au milieu de nulle part. On le suit également de son départ du domicile familial jusqu'à sa recherche des chiens disparus dans des endroits de plus en plus reculés et sauvages. Et on fait la connaissance d'Aila dans la Finlande des années 1940.
Mélangeant la beauté des paysages du Grand Nord finlandais, les secrets d'habitant•es vivant loin de tout, la découverte du roman d'apprentissage et la tension croissante du thriller, Pekka Juntti nous livre un premier roman saisissant à la fibre écologiste.

19,50
Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2023

JULIE

Dans ce quatorzième roman, Agnès Desarthe évoque un projet personnel un peu fou, celui de créer un phalanstère pour ses vieux jours, alternative à un ehpad sordide et rêve surtout d'une communauté joyeuse. L'inspiration est venue d'une tour située dans la rue du Château des Rentiers à Paris. Là où vécurent, à partir de leurs 65 ans, ses grand-parents Tsila et Boris Jampolski. Ils avaient acheté dans cette rue du 13e arrondissement un appartement sur plan, avec d'autres amis issus de la même communauté juive d'Europe centrale. Les derniers jours furent très heureux et ce bonheur a imprégné la petite Agnès qui, pour les besoins de son projet nous raconte cette joie.
Pourtant, ces joyeux anciens avaient connu l’horreur des camps et poussée par leur résilience, Agnès Desarthe remonte le fil de ses souvenirs. Parmi une multitude d’instants imprimés dans sa mémoire, la saveur d'un gâteau aux noix qu'elle parvient à nous transmettre, les entretiens que sa mère avait accordé à la Fondation Spielberg, en 1996 et une réminiscence de sensations qui nous touchent.
Le récit, formé de chapitres courts et dynamiques, est parfois entrecoupé de pauses pour rapporter la parole des personnes âgées: tantôt drôles, tantôt acariâtres, toujours touchantes. Dans certains passages, l’autrice discute avec son double, et ce petit clin d'oeil à « Enfance » de Nathalie Sarraute porte des réflexions très habiles sur la vieillesse.
Les dernières pages se referment sur un roman aussi étonnant et facétieux que grave. On sort de cette lecture avec une grande énergie vitale régénérée !

Judith Schalansky

Ypsilon

24,00
Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2023

JULIE

Née en 1980 à Greifswald (alors en Allemagne de l’Est), Judith Schalansky est à la fois autrice, graphiste et éditrice. L'attention particulière qu'elle porte à la conception matérielle et graphique de ses ouvrages, en concevant couverture, mise en page et typographie participe à l’expérience de lecture. Son « Atlas des îles abandonnées » paru aux éditions Arthaud en 2010 était déjà aussi érudit que soigné.
Cet « Inventaire de choses perdues » paru aux éditions Ypsilon évoque la disparition de réalités aussi diverses que l’île de Tuanaki, parmi les « îles Cook du Sud », qui sombra à cause d’un séisme, ou une espèce de tigre éteinte ou un lieu historique tel le palais de la République est-allemand aujourd’hui démoli ou encore d’œuvres d’art. Autant de chapitres que de disparitions mais surtout un art de redonner vie sous forme d’enquêtes ou de jeux de piste. «Être en vie, c’est faire l’expérience de la perte », rappelle Judith Schalansky dans ce sublime mémento poétique qui nous fait voyager dans une mémoire cheminant entre géographie, ethnologie et histoire.