Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

François Médéline

Manufacture de livres

21,90
Conseillé par (Libraire)
17 avril 2024

Quand le réel s'allie à la fiction dans un excellent roman noir sans temps mort

François Médéline a au moins 3 amours : le noir, la politique et les salauds. Avec "La résistance des matériaux", son dernier roman, il réussit un coup de force en alliant ces combustibles au pouvoir explosif reconnu.
Natif de Lyon, Médéline a déjà démontré ses qualités d'auteur avec entre autres "Les larmes du Reich" et "La sacrifiée du Vercors", deux polars qui se déroulent en 1951 pour l'un et en 1944 pour l'autre et dans lesquels on règle des comptes avec une âme peu reluisante accrochée en bandoulière.
Les salauds, donc, il les aime sans doute et avant tout parce que ce sont d'excellents personnages de fiction et qu'un bon salaud équivaut largement à 3 types sympas quand il s'agit de réveiller un un lecteur sommeillant.
Avec "La résistance des matériaux" il choisit de nous plonger dans un passé tout frais et de relater une affaire qui a défrayé la chronique : celle du compte suisse non déclaré d'un certain Cahuzac alors ministre de Hollande.
S'appuyant sur des personnages fictifs au caractère bien trempé - telle cette jeune députée issue des quartiers populaires, aux ongles laqués et aux dents acérées, ou encore un ancien barbouze qui occupe une place non négligeable dans l'histoire quand il s'agit de protéger les intérêts d'une grosse entreprise de BTP...- il fait naviguer le lecteur dans les coulisses de la politique parisienne et provinciale.
La trame entremêle des chapitres aux points de vue différents intercalant des conversations téléphoniques captées par les Américains entre Hollande et Le Fol, ajoutant par-ci par-là un Sarkozy au pouvoir comique insoupçonné.
Un flic à la ramasse, des conseillers politiques dépassés et des journalistes tenaces complètent une galerie de personnages inoubliables.
Un sacré bon roman donc où réel et fictif forment un duo jouissif.
Nous accueillerons F. Médéline samedi 04 mai à la librairie !

Conseillé par (Libraire)
8 avril 2024

Un 1er roman remarquable !

Découvrir un nouvel auteur est toujours une expérience exceptionnelle dans mon parcours de lectrice ; j'ai eu le bonheur de trouver sur mon chemin ces jours derniers ce très beau roman d'un jeune auteur afro-américain entendu en septembre au Festival America.
Harris a situé son histoire dans l'Etat de Géorgie à la fin de la guerre de Sécession en 1865 et nous raconte l'histoire de deux frères, Prentiss et Landry, jeunes adultes esclaves jusque-là dans une plantation et qui décident d'en partir dès leur liberté proclamée.
Campant dans les bois tout proches, ils essayent d'imaginer ce que la vie va pouvoir désormais leur offrir et doivent tout d'abord trouver du travail mais aucun blanc ne veut embaucher les esclaves affranchis en les rémunérant.
La rencontre avec le propriétaire des terres où ils se sont arrêtés va bouleverser leur plan et leur vie.
George Walker vient, lui, de perdre son fils parti à la guerre. Empli de chagrin, la rencontre avec ces deux garçons va lui permettre de reprendre vie. Il va leur proposer de travailler ses terres en les payant car la confiance s'établit très vite entre eux. Mais dans un pays déchiré par 4 ans de guerre civile, la haine et le mépris des vaincus ne peut que se déchaîner sur ceux qui représentent un nouvel ordre des choses.
Les personnages, principaux ou secondaires, sont tous très bien dessinés. Le couple que forment Walker et sa femme, Isabelle, sont deux caractères riches et originaux.
La tension du roman va crescendo et le style de Harris d'une maturité impressionnante participe indubitablement au plaisir de lecture.
Racisme, égoïsme, étroitesse d'esprit et hypocrisie sont les maux qui vont accabler nos personnages, doués comme le phénix du pouvoir de renaître des cendres...

Sonatine éditions

24,00
Conseillé par (Libraire)
5 avril 2024

Ellory un des grands du Polar !

Si vous n'avez jamais lu R.J. Ellory, il est temps de le faire d'autant qu'après le magnifique UNE SAISON POUR LES OMBRES, l'auteur anglais récidive avec un polar tout juste paru qui démontre à nouveau son talent à tous points de vue.
Enquêtant sur une série de meurtres dans son comté et dans les comtés avoisinants, le shérif Victor Landis, la quarantaine, veuf et misanthrope, doit en même temps régler ses comptes avec le passé suite à la mort de son frère, également shérif et tout juste assassiné. En froid avec celui-ci depuis de longues années, lors de la reconnaissance du corps, Landis se découvre une belle-soeur et une nièce âgée de 10 ans.
Essayant de trouver les fils qui relient les victimes dont on retrouve peu à peu les corps à un seul et même tueur, Landis doit aussi tenter de faire la lumière sur les causes de la mort de son frère car l'enquête menée par la police n'avance étrangement pas d'un iota. Rongé par la culpabilité, il n'arrive pas à tourner la page de sa brouille familiale et va promettre à sa nièce de trouver le meurtrier de son père, épaulé par les membres de son bureau.
Tout comme son héros précédent, Jack Devereaux, mais au sein d'une trame totalement différente, Landis est un personnage complexe qui devra affronter ses dénis pour retrouver enfin la paix.
Ellory, au-delà d'être un constructeur d'intrigues absolument génial, a également l'art du dialogue. Les répliques de Landis ou de sa secrétaire, Barbara, sont un régal et ajoutent un surplus de plaisir à la lecture de ce nouvel incontournable au final en apothéose..On vous prépare une surprise de surcroît pour septembre...

Conseillé par (Libraire)
28 mars 2024

Un incontournable de ce début d'année !

Remarquablement construite, la trame repose sur un personnage qui a existé, le père O'Flaherty, officiellement préposé aux demandes de divorce au Vatican et officieusement membre fondateur et activiste forcené d'un petit groupe de résistants au sein même de l'État papal entre 1943 et 1945.
Prêts à tout pour aider des prisonniers en fuite et des Juifs romains à échapper aux filets des SS établis à Rome pendant 9 interminables mois, ils vont œuvrer de jour comme de nuit, le danger d'être arrêtés se faisant chaque jour plus imminent.
Mêlant fiction et base historique comme il se doit pour ce registre, O'Connor captive son lecteur de bout en bout et peu importe que tel ou tel fait se soit réellement passé de la façon dont il la décrit ou pas -ne jamais oublier que le terme de "roman" avertit que c'est bien une fiction à laquelle on s'attelle quand on ouvre le livre -, le résultat est remarquable. Décrivant une Rome assiégée, O'Connor restitue en outre avec force la peur et la violence que sème sur la capitale italienne le chef des SS nouvellement nommé par Hitler lui-même, tout comme la délation qui y règne.
Chaque personnage est une pièce importante de la partie qui se joue alors et O'Connor, en raconteur exceptionnel, donne à chacun une couleur et un ton bien particuliers.
Un roman incontournable de cette année !
Cerise sur le gâteau, si vous avez envie d'en savoir plus sur le rôle et la position de l’Église à cette période, un essai vient d'être publié par les éditions de La Découverte LES ÂMES TIÈDES, LE VATICAN FACE À LA SHOAH de Nina Valbousquet.

Lauren Groff

Points

8,50
Conseillé par (Libraire)
25 mars 2024

Un roman empli de force féminine !

S'éloignant de son Amérique natale et contemporaine, Lauren Groff nous offre avec ce roman qui vient de passer en poche un portrait magnifique d'une poétesse du XIIème siècle qui n'a laissé comme seule trace de son existence qu'une poignée de lais et quelques contes, Marie de France.
Nous faisons connaissance au tout du début du roman avec cette jeune fille de 17 ans, chevauchant pour rejoindre le monastère où Aliénor d'Aquitaine l'envoie comme prieure.
Marie découvre là un lieu rongé par la pauvreté, la faim et le froid, habité par une dizaine de religieuses en piètre état. Peu disposée à se réjouir de cet exil de la cour, elle découvre sa nouvelle vie avec des pierres sur le coeur.
Elle doit cependant composer avec ses obligations et va déployer, une fois sortie de l'affliction, une énergie et une habileté réelles pour sortir le monastère de son indigence. Elle va s'acharner à remettre sur pied et le lieu et les femmes, tout en construisant sa réputation de prieure à craindre. Lauren Groff la dote d'un physique exceptionnel ce qui renforce encore sa légende.
Admirable, cette fiction l'est tout autant que son personnage principal, femme forte, cédant aussi à ses pulsions charnelles, pleine d'une intelligence vive et fine, écrivant des poésies et rédigeant des lettres qu'elle envoie à celle qu'elle vénère plus que tout, Aliénor.
Elle va créer en ce lieu, petit à petit, un esprit d'entraide entre les femmes et qui va prospérer grâce aux dons de chacune qu'elle va encourager et mettre à jour. Elle n'hésitera pas non plus à attaquer par la ruse ceux qui veulent les soumettre par l'épée.
Roman original, Matrix nous emporte loin et même si nous ne savons rien de la vie de Marie en particulier, l'auteure nous offre un tableau saisissant de ce que pouvaient vivre ces femmes à cette époque. Elle dépeint une époque où rien n'est simple, surtout pour les femmes, mais où la détermination et le courage permettent de conjurer des temps maudits.