2, Un espoir aussi fort T2 : Les années d'argent, Les années d'argent
EAN13
9782809802108
ISBN
978-2-8098-0210-8
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Roman français (2)
Séries
Un espoir aussi fort (2)
Nombre de pages
374
Dimensions
1 x 1 x 1 cm
Poids
460 g
Langue
français
Code dewey
843
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2 - Un espoir aussi fort T2 : Les années d'argent

Les années d'argent

De

Archipel

Roman français

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eISBN 978-2-8098-0967-1

Copyright © L'Archipel, 2009.

« Parfois, c'est une joie provenant du cœur même de l'enfer que de dire la vérité. Et, par-dessus tout, de la dire de telle manière que tout le monde se méprenne sur son sens. »

G. K. Chesterton,
« Le crime le plus odieux qui soit »

1

— C'est quand on parle sans penser qu'on dit ce qu'on pense, laissa tomber Sophie.

L'aiguille en main, Philippine Jeaubert leva les yeux, interdite. Qu'avait-elle dit d'indiscret à son propre égard ?

Son regard erra un instant par la fenêtre : le ciel d'avril de cette année 1947 était déjà plus clair que ces dernières semaines. Un paysage campagnard s'étendait au-delà de la haie d'aubépines plantée l'an dernier. Un décor de calme et de douceur, de tradition cultivée et de paix familiale. Mais, à l'intérieur de la maison Gantier, d'autres sentiments tournoyaient dans l'air.

L'aphorisme paysan avait arraché Philippine à une songerie entrecoupée de confidences rêveuses, qui durait depuis une petite heure. Sa tante et elle ravaudaient le linge de maison dans la grande salle de la maison de Villardon, celle qu'on appelait naguère le « living ». L'anglicisme absurde, abréviation de living room, c'est-à-dire « chambre à vivre » – et dans quelle chambre, grand ciel, ne vit-on pas? –, avait été introduit par la mère de Philippine, personnage dont le nom même était désormais honni ; mais celui de la pièce était demeuré. C'est ainsi que les poubelles portent le nom d'un préfet de police.

— Qu'ai-je dit?

— Ça se voit bien, ma fille, tu as envie de quitter Villardon, reprit Sophie, appuyant ses paroles d'un regard qui en disait bien plus long.

Quitter Villardon, deux mots lourds de signification menaçante: il fallait par là entendre « quitter son mari ». Quitter Émile ? Mais ils n'étaient pas mariés depuis un an... Dans deux mois, elle aurait vingt-deux ans, Émile en avait trente-trois ; on ne quitte pas son mari à vingt-deux ans et voilà tout.

Philippine lissa de la main la reprise sur la taie d'oreiller et plia celle-ci.

— Ces taies commencent à être fatiguées, dit-elle. Il faudra songer à aller en acheter à Châlons, un de ces quatre...

Puis elle s'avisa du symbolisme involontaire de cette phrase ô combien banalement ménagère. Cela signifiait que rien n'est éternel.

Nouveau regard de Sophie, teinté d'ironie.

Philippine contempla un instant le grand feu qui dévorait les cinq bûches dans la cheminée.

Il fallait bien s'y faire : oui, elle avait envie de quitter Villardon. Elle ne pensait même qu'à ça. Contrairement à ce qu'on enseigne dans les écoles, on n'est pas plus maître de ses idées que de sa respiration ou de ses battements de cœur.

Et la situation s'appesantissait de jour en jour et de semaine en semaine. L'une des situations, pour être précis, car il en est toujours plusieurs qui s'enchevêtrent. Elle n'était toujours pas enceinte, son ventre en témoignait. Pour dérobés qu'ils fussent, les regards subreptices de Sophie et même de Robert Gantier – le père de Philippine – et de Gilles – son frère – en disaient long. Non, pour le moment, elle ne voulait pas d'enfants. Émile s'en gardait bien, mais elle, elle prenait ses précautions, comme on dit. Auprès de ce mari planté comme un arbre, elle ressemblait à un oiseau qui ne s'est pas décidé à nidifier.

Pour elle, une grossesse représentait la fin de la jeunesse. Elle ne serait plus à elle-même, elle se devrait à un enfant, sinon plusieurs, et à son mari. Elle remplirait ainsi le rôle prévu pour les femmes de toute éternité. Des objets de plaisir et des reproductrices. Fin de parcours.

De sentiments, il ne serait guère plus question que d'amour maternel et du devoir de fidélité. Elle songea avec inconfort et contrariété que c'était peut-être la raison pour laquelle sa propre mère s'était comportée de façon aussi inconvenante et même odieuse.

Mais elle avait aussi, et plusieurs fois, repensé à ce qu'elle avait pris pour une histoire d'amour avec Émile. La façon dont il était, une nuit, entré dans sa chambre. Le viol consenti. La demande d'amour. « Personne ne m'a jamais dit “je t'aime”. » Il était un héros en herbe, elle était déjà « la petite Jeanne d'Arc ». L'avait-elle aimé ? Et lui, l'avait-il aimée ? Il avait surtout remporté un trophée dans le petit monde des maquisards. Or, d'abord flatteuse, l'idée d'être un trophée était lentement devenue déplaisante.

Mais ça ne pouvait pas durer toujours.

Toutes les femmes ne sont-elles pas des trophées? Robert Gantier n'avait-il pas, lui aussi, enlevé Cécile Villadieu comme un trophée ? Était-elle anormale ? Le soupçon l'avait effleurée souvent, surtout quand elle considérait Gilles. Quasi puceau à bientôt vingt-quatre ans. Et pas une amourette à l'horizon. Elle avait recueilli les échos d'une virée chez les dames de Châlons-sur-Marne, organisée par Robert Gantier. Car le père, à la fin inquiet de ce qu'il appelait la « neutralité » de son fils, avait décidé de recourir aux grands moyens. Jeaubert, Sophie et Philippine, mis au parfum de l'ordalie, avaient guetté le retour du conquistador. La mine grisâtr...
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