Origines et transformations de la langue française
EAN13
9782384690961
Éditeur
Editions Homme et Litterature
Date de publication
Langue
français
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Origines et transformations de la langue française

Editions Homme et Litterature

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Il faut commencer par reconnaître une vérité qui peut sembler au premier coup
d’œil un étrange paradoxe. La langue française, qui a fait un si beau chemin
dans le monde, n’en est pas moins l’une des plus mal construites de toutes
celles qui se parlent aujourd’hui en Europe. Composée d’éléments très divers
qui se sont amalgamés lentement et d’une façon assez incohérente, elle a
grandi comme au hasard, sans obéir à ces lois constantes, invariables qui ont
présidé au développement des idiomes anciens. Il ne lui a pas fallu moins de
huit siècles pour se former, et durant cette longue période elle n’a fait que
perdre en logique ce qu’elle gagnait en richesse. Pareille au barbare qui vit
de rapine avant de défricher le sol où il va se fixer, elle a pris de toutes
mains; elle a fait des incursions tantôt au nord, tantôt au midi, s’éloignant
toujours de ses origines, dont elle semblait n’avoir nul souci. Dès que
l’invasion romaine implante dans les Gaules la civilisation latine, le germe
de la langue future est déposé sur cette terre encore inculte. Il y aura pour
un temps deux langues, l’une qui se parle, l’autre qui s’écrit; la langue des
indigènes, venus eux-mêmes des plateaux de l’Asie, et la langue des
conquérants apportée de Rome. La première est profondément enracinée dans le
cœur des peuples qui s’en servent : elle représente pour eux la liberté, le
culte traditionnel, elle rappelle à ces hordes émigrantes le souvenir des
lointaines régions qui furent leur berceau; mais elle demeure flottante au
milieu d’elles, l’écriture ne l’a pas fixée, elle n’a pas cette forme précise
et arrêtée qui parle aux yeux. La seconde au contraire, organe d’une
civilisation complète, possède cette qualité précieuse; de plus elle a des
mots pour exprimer dans ses diverses parties tout ce qui se rapporte à une
société constituée sur une large base; elle est comme l’image de
l’administration romaine si puissante dans son ensemble. Cette langue latine,
si solidement construite, les légions de César la promèneront d’abord à
travers les Gaules; puis elle se fixera dans ces camps retranchés qui
formaient des villes temporaires avec leurs bains, leurs théâtres, leurs
temples. Enfin, quand des cités sont bâties, elle s’y établit, s’y consolide
et commence à se répandre au dehors par l’influence des dominateurs. Plus
tard, la religion chrétienne viendra en aide à la langue des Romains; elle
achèvera cette conquête laborieuse, souvent interrompue, toujours menacée, qui
avait coûté tant de sang aux maîtres du monde, et lorsque les Gaules,
émancipées du joug qu’elles ont impatiemment supporté, se détacheront du vaste
empire dont elles formaient une province, la langue latine sera partout
comprise et partout parlée...
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