La gueule du loup

Marion Brunet

Sarbacane

  • Du bon, du moins bon : avis mitigé.

    J’avais été totalement subjuguée par Frangine et séduite par L’ogre au pull vert moutarde… On dit jamais deux sans trois, et pourtant, cette fois-ci, j’ai moins accroché. Il y a, dans ce roman, des bonnes choses mais également pas mal d’éléments qui me chiffonnent !

    Commençons par l’histoire. Mathilde et Lou décident de fêter l’obtention du bac par un magnifique voyage à Madagascar. À elles, les fêtes, les beaux garçons, les plages de sable fin et les bains de soleil. Enfin, en théorie… car la réalité les frappe de plein fouet et le rêve vire très vite au cauchemar.

    Ce que j’ai apprécié dans ce roman, c’est le voyage que nous offre Marion Brunet. On a vraiment l’impression d’être à Madagascar, de découvrir cette île, son peuple. Mais contrairement aux voyages touristiques où on ne voit que le beau côté du pays, Marion Brunet nous montre également le revers de la médaille. Le côté moins reluisant de Madagascar, la réalité du terrain et dénonce par là certaines pratiques comme le tourisme sexuel.

    Par contre, j’ai trouvé certains passages très malsains – et j’imagine que c’est l’effet recherché. À tel point que j’avais parfois du mal à garder le livre ouvert. Je suis une petite nature, cela s’explique peut-être par là… mais je pense que le fait que les proies soient des adolescentes y est pour beaucoup aussi. J’ai du mal à apprécier des livres où on s’en prend aux enfants. Je sais que malheureusement, la vie n’épargne pas les plus jeunes, que c’est une réalité mais je n’aime pas lire sur ce sujet. Mon malaise à la lecture de ce livre provient donc sans doute de là.

    Et aussi paradoxal que cela puisse paraitre… j’aurais aimé que le méchant, le « loup », soit plus présent. Il n’est jamais très loin, certes, mais jamais vraiment là non plus. Les scènes intenses, de terreur, d’angoisse, de chasse se comptent au final sur les doigts d’une main. Et cela m’a manqué, car je pensais me lancer dans un thriller. Et il s’avère que c’est surtout un roman initiatique, où les deux jeunes filles se découvrent, découvrent le monde. La traque rajoute simplement un peu de piquant.

    Pour ce qui est des personnages j’ai trouvé dommage que leur psychologie ne soit pas plus développée. Ils ne sont pas lisses, mais il manque le petit quelque chose qui fait toute la différence. On apprend à connaître Mathilde et Lou, on en sait un peu plus sur leur passé… elles ont 18 ans mais paraissent en avoir à peine 14, elles ne semblent réfléchir à leurs actes qu’après coup, quand les conséquences leur tombent dessus. Je n’ai pas vraiment réussi à m’attacher à ces jeunes filles. Le traqueur, lui, est intéressant mais on ne sait quasiment rien sur lui. Si ce n’est que c’est un détraqué. Je suis peut-être bizarre, mais j’aurais aimé en savoir plus sur lui.

    En conclusion, j’ai tout de même apprécié cette lecture, mais j’en attendais beaucoup plus. Sans doute trop. Il faut dire qu’après le coup de cœur qu’a été Frangine, il est difficile de faire mieux ! Un livre plus axé sur le côté roman initiatique que le thriller.