Les Enfants de l'aube, "moia bieda"

Patrick Poivre d'Arvor

Le Livre de poche

  • Conseillé par
    11 juin 2012

    Alexis assiste au suicide de son père, Tristan. Il ne lui reste qu’un carnet dans lequel Tristan raconte son histoire avec Camille. C’est ainsi que l’enfant découvre l’amour de ses parents.
    Tristan est un adolescent malade qui se complaît dans la douleur. « Tristan, si tu t’arrêtes de pleurer, mon vieux, appuie là où tu souffres, et, tu verras, cela repartira tout seul. Cela te va si bien à l’âme et au teint de te sentir seul au monde, malheureux comme les pierres. » (p. 19) Envoyé dans un sanatorium suisse, le garçon rencontre Camille, malade comme lui. Mais l’adolescente ne se laisse pas vaincre sans combattre. Avide de vivre et de ressentir, elle séduit Tristan et l’entraîne dans une passion ravageuse. L’adolescent écrit avec fièvre des déclarations brûlantes et exaltées. Désormais, il ne veut plus vivre que pour Camille. « Je sais que je vais mourir avant les autres. Mais je voudrais que ce soit avec vous. Ou après vous avoir connue. Brûlez-moi. » (p. 48)


    Tristan et Camille sont des enfants que la maladie a fait grandir trop vite. Comment rester enfant quand la mort risque de vous saisir avant vos vingt ans ? Il faut que tout aille plus vite et plus fort. À 15 et 16 ans, ils ne sont plus innocents. Alors que Tristan est prêt à tout donner, Camille affirme une indépendance têtue. « Don’t be jealous, darling. Les autres, c’est du pipi. Mais je suis sur un nuage. On ne m’attrape pas. Let me fly. » (p. 85) Pour préserver leur amour, les adolescents fuguent. Cette parenthèse volée au temps et aux adultes est à la fois une épreuve et une récompense. « Le matin du troisième jour, nous avons commencé à comprendre que ce voyage avait un sens et que nous allions beaucoup plus loin que le simple bonheur d’être ensemble. » (p. 94) À s’aimer si fort, Tristan et Camille font un enfant. Mais la naissance du petit Alexis sera la fin de Camille.
    Ce roman a tout pour être très émouvant, mais je ne suis décidément pas faite pour les amours adolescentes et les fugues. J’y ai retrouvé ce qui m’avait déplu dans E=mc², mon amour de Patrick Cauvin ou L’attrape-cœur de Salinger. Mon adolescence a été trop sage, voire trop morne, pour que je vibre au récit des exaltations d’autres adolescents. Voici un roman qui devrait plaire à de jeunes lecteurs. Pour moi, c’est décidément trop tard.