Un homme dangereux

Un jour, le journaliste Alexandre Kauffmann interviewe pour le journal
Libération un psychopathe meurtrier qui a passé quarante ans enfermé dans
différentes “unités pour malades difficiles” (UMD) françaises. Dans l’un de
ces lieux fermés et méconnus, le meurtrier lui dit avoir côtoyé “l’homme le
plus dangereux” qu’il ait jamais rencontré. Alexandre Kauffmann se met en
chasse car désormais, il doit savoir. Qui est cet homme ? Qu’a-t-il fait pour
choquer un multi meurtrier ? Le journaliste ouvre alors un double récit. Le
premier fil narratif est celui de la quête du journaliste. Alexandre Kauffmann
réussit la prouesse d’entre en immersion dans différentes “UMD” (unités pour
malades difficiles) où il côtoie “Crocodile” – un tueur d’enfant – “Casque
bleu” – un homme équipé d’un casque en mousse car il distribue des coups de
boules aux patients qui l’approchent – ou encore “Rocaille”, joueur de
Scrabble qui pense qu’Alexandre Kauffmann travaille pour le Daily Planet. Le
second fil narratif du livre nous plonge dans le parcours judiciaire,
pénitentiaire et psychiatrique de sa “cible”, le mystérieux “homme dangereux”.
Un parcours qui interroge autant nos institutions que le genre humain. « Il
reconnaît avoir tué sa mère, l’avoir mutilée et avoir jeté sa jambe par la
fenêtre afin d’attirer l’attention de la police. » Enquête de service, 10
janvier 2008. L’homme dangereux que Kauffmann recherche a notamment tué sa
mère. Et ce matricide, il l’a commis pendant une permission de sortie de son
UMD. Comment se fait-il que, dix ans plus tard, ce patient puisse être bientôt
libérable ? Alexandre Kauffmann veut comprendre. Pour cela, il veut rencontrer
cet homme. Car les médecins, certains proches et une juge en sont persuadés :
cet individu a changé. Comme avec La mythomane du Bataclan, le journaliste
réalise l’impossible : nous faire entrer en empathie avec une âme humaine
rejetée par l’ensemble de la société. Né en 1975 dans la région parisienne,
Alexandre Kauffmann a suivi des études de philosophie à la Sorbonne, avant de
rejoindre l'Institut d'Études Politiques de Paris (IEP). Après avoir appris le
malgache, il publie un recueil de nouvelles sur la grande Ile Rouge, Mauvais
Numéro (Arléa, Prix Alexandre Vialatte 2001). Il écrit ensuite un roman sur le
Mozambique, Le faux-fuyant, puis s’infiltre en Asie dans l’univers des
backpackers, routards du nouveau millénaire, expérience qui fera l'objet d'un
récit, Travellers. Après deux autres romans – Influenza (Équateurs, 2006) et
J’aimais déjà les étrangères (Grasset, 2009) –, il est envoyé comme « ghost
writer » en Afghanistan pour suivre le quotidien d’un lieutenant d’une section
de combat (Engagé, Grasset, 2011). Parallèlement, il travaille comme reporter
free-lance pour la presse écrite française (Géo, Le Monde, Figaro Magazine,
Les Échos, Le Point…). Il a ainsi suivi les traces de Jack London dans le
Grand Nord (Géo, 2006), remonté l’expédition de Claude Lévi-Strauss en
Amazonie (Figaro Magazine, 2010), ou encore embarqué sur le plus vieux bateau
passager du monde en Tanzanie (Les Échos, 2013). En 2012, il s’installe pour
deux ans en Afrique orientale. Il y apprend le swahili et livre un récit de
voyage en forme de « comédie de brousse », Black Museum (Flammarion, 2015). De
retour à Paris en 2014, ses immersions dans l’univers policier seront à
l’origine de deux livres – un roman, Stupéfiants (Flammarion) et une enquête
au long cours (Surdose, Goutte d’Or) – ainsi que de nombreux reportages, en
particulier pour Le Monde (Dans le royaume du crack ; La Route des mules). En
octobre 2019 paraît chez Flammarion Le Troisième indic, récit d’une immersion
inédite d’un an parmi les informateurs de la police parisienne. En 2021, il
publie un deuxième livre aux éditions Goutte d’Or : La mythomane du Bataclan,
livre événement qui est devenu une mini-série de quatre épisodes (tournée et
montée mais non encore diffusée) pour la plateforme américaine HBO, sur le
modèle de Tchernobyl. L’actrice Laure Calamy y incarne la mythomane, le
réalisateur est Just Philippot.