Le Petit Garçon à la montre en or

Lorsqu’il rentrait du Quai des Orfèvres, Viggo aimait traverser Paris à pied,
même sous la pluie. C’était le seul moyen pour lui, d’évacuer la tristesse
latente, les chocs humains, les crimes sordides. Il était maintenant
commissaire depuis quinze ans et rien ne le préparait jamais à la vue de la
mort. Pourquoi un simple apprenti boucher digne de confiance, devenait un
criminel en l’espace d’une seconde ? Encore que dans ce cas précis il était
plus facile de se saisir d’un couteau. Mais de là à tuer… Viggo Anderson, dans
sa splendide cinquantaine, savait exactement que chaque homme portait en lui
la capacité de se métamorphoser en meurtrier. Presque trente ans auparavant,
son propre père avait tiré sur sa mère. C’était un crime passionnel, largement
relégué par la presse et qui désormais lui laissait une marque indélébile qui
faisait de lui un petit garçon pour l'éternité.