Le Destin d'Antoine, fils de colons français en Algérie au XIXe siècle - Tome 1
EAN13
9782914067973
Éditeur
PyréMonde
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le Destin d'Antoine, fils de colons français en Algérie au XIXe siècle - Tome 1

PyréMonde

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Extrait


**CHAPITRE II**

Marie-Am elie, nee de Clairemont, revoit ses secondes noces avec Eugene
Alguyre le 15 juillet 1867, l'annee des catastrophes : la terre tremble le 2
janvier, viennent ensuite des pluies torrentielles qui jonchent les routes de
la Mitidja de cadavres, puis periode de grande secheresse au cours de laquelle
le ble et l'orge sechent sur pied. C'est beaucoup trop pour cette bourgeoise
mondaine qui s'ennuyait dans les salons d'Alger avec sa mere et qui etait
venue chercher l'aventure aupres des pionniers de la colonisation dans la
plaine de la Mitidja. En fait d'aventures, elle avait ete servie, et meme un
peu trop… Elle en regretterait presque les salons de la capitale algerienne.
Elle s'est mariee avec Eugene Alguyre qui lui a apporte ses terres a titre de
dot. Ce n'etait donc pas un mariage d'amour, mais d'interets. Elle a eu avec
lui sa fille Julie. Elle esperait un troisieme garçon. On aurait plante un
troisieme palmier devant la maison pour feter l'evenement, si cela avait ete
le cas. Les filles, c'est moins utile dans les fermes. Chez les indigenes
aussi, on ne fait pas la fete comme pour la naissance d'un garçon, quand nait
une fille. Ce mariage fait-il partie des catastrophes ? Oui, sans doute,
pense-t-elle… Car il lui resiste beaucoup plus que son premier mari. Il est
vrai qu'il a apporte plus de terres pour son contrat de mariage.
Jean Florot, le premier mari de Marie-Amelie, fils des colons de la premiere
heure, lui a donne deux fils, Charles et Henri, une bonne chose pour
l'encadrement de la main-d'oeuvre des fermes. Cela explique l'existence des
deux palmiers devant la maison. Mais ce pauvre homme, descendant des colons
auxquels la Republique avait promis l'eldorado, est mort de la fievre des
marais en 1865, du « mauvais air » comme disaient les Italiens, par loyaute
familiale a son propre pere decede de la meme maladie en 1842. Il avait
toujours cache a sa femme les conditions tragiques de la disparition de son
pere qui avait agonise a l'hopital de Douera. Cette annee-la presque un tiers
de la population de Boufarik avait peri de la fievre pernicieuse et la
paroisse avait change trois fois de pretre. L'eglise etait fermee. Les parties
basses de Boufarik pres des marais les plus exposees aux miasmes
pestilentiels, ou se trouvaient justement les fermes, devenaient inhabitables
plusieurs mois de l'annee.
Jean Florot avait voulu reproduire le meme schema que celui de son pere au-
dela de sa mort : d'abord assainir cette terre avec acharnement et abnegation,
sous les ordres de Marie- Amelie, une maitresse femme, pour que ses enfants
puissent en profiter un jour, puis se diriger lentement vers la mort. La
fievre augmenta de plus en plus entre 9 et 10 h les jours de juillet,
accompagnee de maux de tete, de courbatures, de nausees et de diarrhees. On
lui faisait bien boire de l'Amer Picon decouvert quelques annees plus tot par
Gaetan Picon qui avait contracte la malaria. C'etait a l'epoque un remede a
base d'ecorces d'orange, de grenade et de quinquina, le meilleur antipyretique
contre les fievres paludeennes. Mais pas plus ce vin que les cachets d'iodure
de potassium ou les comprimes de sulfate de quinine ne vinrent a bout de cette
terrible maladie. Etait-il poursuivi par le sort ? Il grelottait, le front en
nage, les yeux brillants. Un vendredi saint il perdit conscience et le pere
Leon de l'Arba vint lui donner le sacrement de l'extreme-onction. Marie-Amelie
n'eut plus qu'a lui fermer les yeux. Cette malediction qui poursuivait la
generation suivante etait-elle une punition divine pour l'expropriation des
terres des indigenes ?
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