L'art de parler pour ne rien dire, Le monologue fumiste fin de siècle
EAN13
9782753546141
Éditeur
Presses universitaires de Rennes
Date de publication
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Langue
français
Fiches UNIMARC
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L'art de parler pour ne rien dire

Le monologue fumiste fin de siècle

Presses universitaires de Rennes

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Le monologue fumiste est une pure blague, sans prétention ni ambition. Il
désigne le théâtre dans son plus simple appareil, à certains égards rime avec
l’esprit de la Foire, inventif dans sa mécanique comique, déclinant à l’envie
la formule d’un personnage unique et inepte, imbu dans sa vanité,
tyranniquement indifférent au temps et au lieu qui le circonscrivent. Sa
parole est une absence à soi-même, un carrefour livré à tous les vents des
discours sclérosés de la fin du XIXe siècle. Et grotesquement, rien de plus
démocratique que cette forme en creux qui réunit une société entière,
pétrifiée, nerveuse sans mouvement, et qui se représente en mettant en danger
le théâtre lui-même, à force d’éprouver ses limites vitales : elle exclut de
sa scène l’action dramatique, donne à son personnage toutes les raisons de
disparaître (et ainsi soit-il, immanquablement). À force de se démembrer, au
gré d’une vogue envahissante et opiniâtre, en dépit de Charles Cros avec son
pourtant inaugural Hareng saur, mais soutenue par son interprète majeur,
Coquelin cadet, elle provoque deux effets, présent et futur, inattendus dans
leur disproportion à l’égard de son insignifiance exhibée. Double état des
lieux d’une société qui redéfinit dans sa propre incompréhension ses contours
et ses étages, et d’un théâtre compassé et exsangue, le monologue fumiste se
résout radicalement en un geste d’autodestruction, en guise d’acte essentiel.
Or, certes « moderne », sa désinvolture fait peser sur toute forme dramatique
comme sur toute production de sens, un doute assez puissant pour préparer la
naissance des avant-gardes, et elle enclenche un soupçon tenace après lequel
s’élabore un certain théâtre du XXe siècle, mal qualifié d’absurde, ou par
ricochet, de nouveau.
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