- EAN13
- 9782487386013
- Éditeur
- De retour sur l'Altiplano
- Date de publication
- 19/12/2023
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
-
Aide EAN13 : 9782487386013
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Papier - Altiplano 12,20
En ce temps-là je lisais Harry Potter mais j’avais des pensées d’adulte. On
m’avait mis un pyjama bleu pour m’en dissuader et j’admets volontiers que
j’avais l’air d’un con. On y réfléchissait à deux fois avant d’attirer
l’attention sur son cadavre.
J’étais allé voir la chef pour lui expliquer que le jour où je voudrais en
finir, je viendrais m’égorger devant elle pour qu’elle puisse constater, dans
des conditions quasi expérimentales, que le bleu et la mort se marient
harmonieusement. Ça l’avait glacée ; trente minutes plus tard on me réhabilita
dans mes vêtements.
Mais c’était trop tard. Je l’avais déjà enfilé, leur foutu déguisement, et je
n’avais pas du tout l’optimisme de me changer deux fois dans la journée. Le
soir venu, j’ai découvert qu’il était plus confortable de vivre le jour en
pyjama que de dormir la nuit en jeans. Je me suis mis à bien l’aimer
finalement et la vie s’est étirée ainsi, de bleu.
Je l’ai même conservé après l’hôpital. Je pressentais que c’était un costard
pour la vie alors quitte à l’assumer jusqu’au bout je l’ai planqué au fond de
mon sac le jour de la sortie. En temps normal je n’aurais pas eu le droit,
mais cela faisait longtemps que j’avais été éjecté du temps normal. D’ailleurs
c’était mon grand regret dans la vie.
m’avait mis un pyjama bleu pour m’en dissuader et j’admets volontiers que
j’avais l’air d’un con. On y réfléchissait à deux fois avant d’attirer
l’attention sur son cadavre.
J’étais allé voir la chef pour lui expliquer que le jour où je voudrais en
finir, je viendrais m’égorger devant elle pour qu’elle puisse constater, dans
des conditions quasi expérimentales, que le bleu et la mort se marient
harmonieusement. Ça l’avait glacée ; trente minutes plus tard on me réhabilita
dans mes vêtements.
Mais c’était trop tard. Je l’avais déjà enfilé, leur foutu déguisement, et je
n’avais pas du tout l’optimisme de me changer deux fois dans la journée. Le
soir venu, j’ai découvert qu’il était plus confortable de vivre le jour en
pyjama que de dormir la nuit en jeans. Je me suis mis à bien l’aimer
finalement et la vie s’est étirée ainsi, de bleu.
Je l’ai même conservé après l’hôpital. Je pressentais que c’était un costard
pour la vie alors quitte à l’assumer jusqu’au bout je l’ai planqué au fond de
mon sac le jour de la sortie. En temps normal je n’aurais pas eu le droit,
mais cela faisait longtemps que j’avais été éjecté du temps normal. D’ailleurs
c’était mon grand regret dans la vie.
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