La chaufferette à neutrons

Une fillette, qui pourrait être une lointaine cousine de Zazie, décrit sans se
démonter ses expériences, sa lente transformation en surrégénératrice. Elle
vit auprès d'un père courant d'air, et d'une mère de sexe aussi changeant qui
va la nourrir de ricin et de radium selon de savoureuses recettes. Mélange des
plus explosifs ! lequel l'aidera peut-être à se tirer indemne de l'effroyable
guerre des Lécithines, avant qu'elle n'hérite de sa richissime et obscène
tante Honshu, née Tokaï Mura. Ses mémoires sont périodiquement parasités,
pollués de mots nouveaux. Ils semblent émaner d'un subtil ordinateur qui
cherche par ce procédé à la séduire (à l'asservir ?). Mais M. EDF, moins
lettré, la courtise également. En définitive, après une excursion (ou fuite)
de la jeune héroïne Neutrone, ces discours tapageurs fusionnent, comme un
salvateur et apocalyptique non-sens. Pierre Joinul poursuit depuis une dizaine
d'années une démarche singulière. Après avoir été un des premiers à dénoncer
sur le mode de l'impertinence et de la fantaisie l'existence des hôpitaux
psychiatriques en un roman paru chez Balland, Des nacelles océanes, il
s'attaque aujourd'hui au problème des centrales nucléaires. Mais La
chaufferette à neutrons demeure avant tout un pernicieux laboratoire de
l'imagination inventive.