Du style des assassins
EAN13
9782359180961
Éditeur
Écritures digital éditions
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Du style des assassins

Écritures digital éditions

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782359180961
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    9.99
**Extrait**

À 18 h 19 ce vendredi 13 mai 2011, le commissaire Chautard recevait le
directeur du lycée d’Arsonval et le principal du collège du même nom, chefs
d’établissements confrontés à des problèmes persistants de racket, donc à la
peur des collégiens et à la fureur des parents. Il était assisté des
lieutenants Dominique Dru, La Duduche pour ses collègues, grande bringue au
grand coeur, et Guy Flandin, sec et nerveux, inquiet et toujours en recherche
d’approbation, qui suivaient d’habitude les affaires scolaires.

Les policiers étaient encore en phase d’écoute quand Annie Farme, agent
d’accueil et chef standardiste, débarqua dans le bureau du patron, parce
qu’elle savait qu’il ne décrocherait pas si elle lui téléphonait.
– Commissaire ! C’est horrible ! Au Bonus… Un attentat… Il y a des morts et
des blessés.

« Rarement, j’ai vu un visage se décomposer de la sorte, dirait par la suite
le proviseur. Nous étions là à parler, le commissaire nous écoutait avec
attention. Quand la fliquette est venu lui apprendre la nouvelle, juste
quelques mots, son visage s’est allongé comme si sa barbe allait tomber, il
est devenu livide, et son dos s’est arrondi comme si quelque chose lui était
tombé dessus, qui l’avait cassé. Il a pas l’air, mais je crois que c’est un
grand sensible ».

Sensible ou pas, le commissaire ne s’était pas trompé sur l’horreur qui
l’attendait. Les quelques mots d’Annie Farme avaient suffi pour lui faire
prendre conscience que quelque chose de terrible était arrivé, que des hommes
et des femmes avaient été touchés dans leur chair, que leurs proches allaient
pleurer, que ce drame allait bouleverser de nombreuses vies ; ainsi que toute
sa fin de journée, sans doute tous les jours qui allaient suivre, peut-être
bien sa fin de carrière et peut-être même son existence.
En 2011, peu de commissaires étaient confrontés à un attentat. Quand il se
retrouvait sur cette scène d’horreur, le choc était si soudain, le chaos était
tel, la tâche si démesurée, qu’un homme, aussi bon policier fût-il, avait du
mal à prendre les bonnes décisions. Et à établir les priorités. Surtout quand
on le pressait de toutes parts.
En arrivant sur les lieux, ou plutôt en essayant, le commissaire vit tout de
suite que le premier problème allait être – était déjà – d’empêcher les gens
de quitter les parkings dans la précipitation, et d’empêcher ceux qui
n’étaient pas encore au courant du problème de venir boucher les axes et les
ronds-points. Priorité absolue devait être donnée au passage des secours, qui
commençaient à arriver.

Plante avait déjà pris les choses en mains. Tout en maintenant comme convenu
les départs du magasin vers la route de Chasteaux et l’avenue Jean-Jacques
Rousseau, il avait organisé le filtrage des voitures afin d’éviter bouchons et
accrochages.
– Ménageons un espace pour les hélicoptères. Le S.M.U.R. en a un, et Limoges
doit pouvoir nous en envoyer. On va évacuer les blessés les plus graves par
les airs.
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