Revue des Deux Mondes juin 2015, Eric Zemmour est-il un intellectuel ? / Les musulmans face au Coran
EAN13
9782356501158
Éditeur
"Revue des deux mondes"
Date de publication
Langue
français
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Revue des Deux Mondes juin 2015

Eric Zemmour est-il un intellectuel ? / Les musulmans face au Coran

"Revue des deux mondes"

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Réformer l’islam – On a beau ne pas partager les convictions d’Éric Zemmour
(cette étrange obsession pour la soumission des femmes !), la place qu’a prise
le plus dérangeant des essayistes français dans le débat public (notamment
avec le Suicide français, 500 000 exemplaires vendus à ce jour) prouve qu’il
appuie là où ça fait mal. Le pessimiste, disait Oscar Wilde, est celui qui
entre deux maux choisit toujours les deux. Éric Zemmour choisit tout :
déclinisme, nostalgie, fascination pour Bonaparte et Robespierre, regrets
éternels pour la France de De Gaulle et du Parti communiste, chacun campé dans
ses certitudes, la frontière bien tracée et les vaches bien gardées. Mais
comment devient-on Éric Zemmour ? Quel est le parcours littéraire de ce
prophète de l’Apocalypse ? Quand et comment lui est venue sa révélation
mélancolique ? Quels sont les auteurs, les siècles et les textes fondateurs
qui l’ont modelé ? La réponse dans ce numéro de la Revue des Deux Mondes.
Depuis al-Qaida, Daesh et les attaques terroristes, le monde musulman est
confronté à l’interprétation de son texte sacré. Une réforme est-elle possible
? Le philosophe Malek Chebel nous invite à revisiter l’histoire de l’islam. Le
défi, nous explique-t-il, est le suivant : « Comment unifier les rangs des
musulmans sans devoir choisir entre le repli identitaire ou la guerre sainte
comme seuls concepts ? » Autre impasse soulignée par Alaa El Aswany, le
célèbre auteur égyptien de l’Immeuble Yacoubian (2), ce pas de deux infernal
entre dictature ou islamisme, « les deux faces d’un malheur historique »,
rendu possible par le wahhabisme. Pour le théologien Ghaleb Bencheikh, « il
faut renouer avec l’humanisme d’expression arabe et le conjuguer avec toutes
les conceptions philosophiques éclairées du progrès ». Robert Redeker
s’interroge sur l’exemple préalable du christianisme : les deux types de
réforme religieuse expérimentés en Europe (la réforme protestante fondée sur
le « retour à la lettre » et la réforme catholique s’appuyant sur
l’administration d’un clergé) sont deux modèles inopérants pour l’islam :
revenir au texte littéral, c’est exactement le projet islamiste, et réformer
par le clergé n’est pas possible car le sunnisme ne s’appuie pas sur une telle
organisation. La réforme ne sera pas un long fleuve tranquille. Et d’ailleurs
la réforme de l’islam est-elle la bonne question ? « Imaginons qu’au lieu de
réformer l’islam on réforme l’école, propose l’écrivain Leïla Slimani. Et qu’à
Alger, à Casablanca, à Tunis ou au Caire, tous les enfants aient droit à
l’éducation. Qu’on leur inculque l’art de la dissertation, de la thèse et de
l’antithèse... Toute réforme de l’islam est vouée à l’échec s’il n’y a pas des
musulmans éclairés pour l’incarner et la faire vivre. » L’exemple de la
Tunisie, où la démocratie est à l’œuvre et résiste courageusement au
djihadisme, nous autorise à conclure positivement. Dans cette société et dans
bien d’autres, les musulmans ont envie de réforme. Sociale, politique et
religieuse. Valérie Toranian
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