- EAN13
- 9782072025204
- Éditeur
- Gallimard
- Date de publication
- 11/09/2013
- Collection
- Les Essais
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
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Papier - Gallimard 13,80
"L'homme n'a pas à se demander s'il doit être optimiste ou pessimiste. Il
meurt; ceux qu'il aime meurent; les choses qui l'entourent meurent. Pas tout
de suite, bien entendu; le cèdre dure plus longtemps que la fleur des champs,
et l'éléphant plus que l'insecte. Mais le temps ne fait rien à l'affaire. Un
siècle paraît un jour à celui qui est destiné à vivre un siècle; et l'éphémère
a une journée parfaitement bien remplie qui équivaut à l'existence la plus
longue. Rien n'existe pour l'être vivant qu'en fonction du terme. «Long», «
court », qu'est-ce que cela signifie ? Ou il y a un terme, ou il n'y en a pas.
Quand il y a un terme, nous avons les yeux fixés sur lui, et la distance qui
nous en sépare est une droite virtuelle, dont seules sont réelles les
extrémités; d'un seul coup, le regard se porte sur le point d'arrivée;
l'intervalle, quelle que soit son importance dans le domaine de la nature, est
transformé en « moyen », en « obstacle » ou en « délai », il n'existe pas en
soi. Si j'ai l'habitude d'effectuer un trajet de quarante kilomètres dans une
journée,j'ai l'esprit tendu vers le quarantième kilomètre, et la journée me
paraît bien remplie lorsque je l'ai atteint. Mais si, par extraordinaire, il
me faut faire quatre cents kilomètres dans le même laps de temps, ma journée,
à ma grande surprise, me suffira, car j'aurai bandé l'arc de ma conscience
vers un but qui pour moi ne sera pas plus éloigné. Renouvier, agonisant, à un
âge très avancé, disait à son ami Louis Prat qui l'assistait « C'est une
erreur de croire qu'en vieillissant l'on se détache de la vie. On y est aussi
attaché, sinon plus, et le déchirement n'est que plus douloureux d'être
conscient de tout ce que l'on quitte. L'adolescent meurt bien plus facilement
il ne croit pas qu'il soit mortel; il n'a goûté qu'à une partie de ce qui peut
être offert à l'homme." Jean Grenier
meurt; ceux qu'il aime meurent; les choses qui l'entourent meurent. Pas tout
de suite, bien entendu; le cèdre dure plus longtemps que la fleur des champs,
et l'éléphant plus que l'insecte. Mais le temps ne fait rien à l'affaire. Un
siècle paraît un jour à celui qui est destiné à vivre un siècle; et l'éphémère
a une journée parfaitement bien remplie qui équivaut à l'existence la plus
longue. Rien n'existe pour l'être vivant qu'en fonction du terme. «Long», «
court », qu'est-ce que cela signifie ? Ou il y a un terme, ou il n'y en a pas.
Quand il y a un terme, nous avons les yeux fixés sur lui, et la distance qui
nous en sépare est une droite virtuelle, dont seules sont réelles les
extrémités; d'un seul coup, le regard se porte sur le point d'arrivée;
l'intervalle, quelle que soit son importance dans le domaine de la nature, est
transformé en « moyen », en « obstacle » ou en « délai », il n'existe pas en
soi. Si j'ai l'habitude d'effectuer un trajet de quarante kilomètres dans une
journée,j'ai l'esprit tendu vers le quarantième kilomètre, et la journée me
paraît bien remplie lorsque je l'ai atteint. Mais si, par extraordinaire, il
me faut faire quatre cents kilomètres dans le même laps de temps, ma journée,
à ma grande surprise, me suffira, car j'aurai bandé l'arc de ma conscience
vers un but qui pour moi ne sera pas plus éloigné. Renouvier, agonisant, à un
âge très avancé, disait à son ami Louis Prat qui l'assistait « C'est une
erreur de croire qu'en vieillissant l'on se détache de la vie. On y est aussi
attaché, sinon plus, et le déchirement n'est que plus douloureux d'être
conscient de tout ce que l'on quitte. L'adolescent meurt bien plus facilement
il ne croit pas qu'il soit mortel; il n'a goûté qu'à une partie de ce qui peut
être offert à l'homme." Jean Grenier
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