• Conseillé par (Libraire)
    16 janvier 2017

    Martha et Alan un roman, graphique...

    Emmanuel Guibert continue la mise en image de la vie de son ami Alan Cope. Après avoir offert le témoignage graphique de ses années de soldat pendant la deuxième Guerre Mondiale, dans l'ouvrage La Guerre d'Alan, le dessinateur relate ici sa relation avec Martha, une amie d'enfance de son protagoniste.

    Guibert réussi dans cette histoire en trois actes à donner vie au souvenir de l'amour platonique de son héros et ami. Il est très agréable, pour ne pas écrire très doux, de rester dans la surface du souvenir du personnage. On est alors bercé par l'évocation de cette relation puritaine vécue par Alan. L'enfant a été touché par une petite fille. L'adolescent l'a aimé. L'homme à vécu avec son souvenir. On est là dans un thème bien plus universel, que celui des amants déchus, parce que plus authentique, voir autant cathartique, pour le lecteur.

    Le tout est très justement servi par une esthétique graphique, qui tient de la rencontre entre le dessin de Norman Rockwell et la palette des impressionnistes du XIXe siècle.

    A l'heure des étiquettes, Martha & Alan est une pierre de plus à la construction de l'édifice « Roman Graphique », une synthèse entre deux écritures : le graphique et l'orthographique. D'aucun dirait que l'on est face à un « spin off » de La Guerre d'Alan, quand il faudrait plus justement parler, d'un souvenir de plus.
    Loin des conventions, parlons simplement de Martha & Alan comme d'une nouvelle œuvre d'Emmanuel Guibert, qui contribue à renforcer l'idée, si c'était nécessaire, que le XXIe siècle est celui du Neuvième Art et celui de la réconciliation entre l'écrit et le dessin.